samedi 12 janvier 2013

Jours 3 et 4

Il y a à peu près un an, André, Marie et Louis ont entrepris le projet ambitieux de récolter les fonds nécessaires à la construction de kay (maisonnettes) pour quelques familles pauvrissimes comprenant un ou plusieurs de nos parrainés. L’idée était de dresser une liste de priorités (procédé déchirant, un peu comme établir une liste de dons d’organe), et de voir jusqu’où la générosité des donateurs nous porterait. Vous verrez qu’elle nous a portés loin.

 Il fallait aussi créer des plans et devis et confier les chantiers à des gens de confiance, ce qui fut fait. (Antonio a le don de s’entourer de gens fiables; lui, dirait que c’est le fruit de l’expérience). À cette heure, les familles Badio et Samedi ont déjà leur maison, et en sont très reconnaissants. La construction de la kay Joseph devrait débuter aussitôt que la route menant au terrain sera praticable (l’ouragan Sandy a fait beaucoup de dégâts), la kay Magnel lorsque le choix du terrain sera confirmé. Quant à celle des Laguerre, elle sera terminée d’ici trois semaines. André et Marie participent déjà aux  « fouilles », c’est-à-dire au travail de fondation. Le terme est approprié : André me raconte qu’il a trouvé des objets enfouis jusqu'à trois pieds sous terre – culotte, canif, jouet, déchets. Les villes s’enfoncent au fil des siècles, vous diront les archéologues. Nul besoin d’attendre si longtemps dans un pays ou la terre est friable et les glissements de terrains fréquents.

Kay Samedi
 










Famille Samedi (avec André, Antonio, Marie et Fritz à droite)

















Famille Badio (avec Antonio)





















Marie et André seront mieux placés que moi pour relater l’évolution du chantier, mais en voici quelques impressions, fraiches de la veille.
Le 11 janvier, nous nous sommes réveillés avec le soleil. La température est agréable avec le vent. Après un copieux déjeuner de fruits frais et de toasts au beurre d’arachide, nous partons à l’encontre de Fritz, notre contremaitre, qui nous conduit jusqu’au terrain de la famille Laguerre. Il faut pour ce faire emprunter le chemin qui mène anwo, vers l’École Papatanm et les montagnes. Juché sur une petite corniche cerclée d’arbres à puce (ce n’est pas leur nom, mais ils causent des démangeaisons au contact), le petit lopin de terre a une vue imprenable sur la ravine et la mer. Nous avons confiance en Fritz et en son assistant Habilhomme Tipapa qui croient le projet réalisable dans les temps.


Terrain des Laguerre
 












Famille Laguerre
 (Jean Claudy, Maudeline, Clyvens, Maude,
 Jean-Claude, Dickens et Stefanie)






















Maigichon au grand sourire, Jean-Claude Laguerre, qui porte très mal son patronyme, nous accueille chaleureusement avec son épouse Maude et ses enfants Stefanie, Clyvens, Maudeline, Jean-Claudy et le petit Dickens. Jean-Claude aura cinquante ans cette année, la maison sera son cadeau de fête. Homme simple et travaillant, il fait partie de la main d’œuvre qui s’affaire à l’aplanissement du terrain, à la montée des matériaux et de l’eau sur le chemin escarpé. Son gagne-pain principal : boss balais: il les tresse en utilisant ses orteils, ce qui lui vaut des pieds croches. C’est une déformation professionnelle, qui ne lui rapporte presque rien. Maude vend du charbon de bois, pas de quoi arrondir la fin du mois, ni celle de la semaine en fait.
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Après la visite chez les Laguerre, nous divisons l’équipe. Antonio et moi partons faire la tournée des classes à l’École Maranatha. Chansons à répondre et rires au menu, en plus d’une assiette bien remplie pour les élèves. Les enfants n’ont pas l’habitude d’être divertis par leurs enseignants. Après quelques hésitations, la glace est brisée (la couche n’est pas épaisse, même en hiver). Ils s’esclaffent à la moindre de nos pitreries. Satisfait de notre numéro, nous allons passer une heure à la plage en fin d’après-midi. Tandis que nous décompressons dans l’eau salée, André et Marie reviennent du chantier, épuisés mais radieux. Le travail va bon train, l’équipe est harmonieuse. Nous nous racontons notre journée autour d’un bon repas de riz et de boulettes de pain de viande.
*
Aujourd’hui, samedi le 12 janvier, est une journée de préparatifs. Demain, nous partons en expédition jusqu’au hameau de Laporte, à trois heures d’ici en montagne. Nous y resterons jusqu'à mercredi midi, logeant dans les chambres du presbytère récemment reconstruit par l’Équipe. La finition de l’école St-Joseph est presque terminée. Antonio y va pour constater, mais aussi dans l’optique de futurs projets de construction. Nous apportons également quatre bacs de livres et de jouets qui serviront dans les classes et pour le préscolaire. Mon objectif personnel sera d’animer le plus grand nombre d’enfants possible durant le séjour. Marie se chargera de bricolages, alors qu’André et Antonio apporteront du support pédagogique dans les classes.
Pas d’électricité à Laporte, donc pas d’ordinateur et pas d’internet. Je vous redonne des nouvelles mercredi, promis!
J.O.R.
PS : J’ai ajouté des photos pour illustrer les textes précédents; j’en ajouterai d’autres de temps en temps, mais comme la connexion Internet est lente, j’accuserai souvent du retard. Feuilletez à rebours de temps à autres, ça vaut la peine.
 

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