dimanche 26 février 2012

La montée vers Laporte (extrait du journal de bord...)

Le frère Jean-Paul nous reconduit en pick-up à travers la rivière jusqu’à l’Accueil, lieu-dit situé au pied de la montagne, aux confins des rivières Grande-Ravine et Corail. Alors commence la montée vers le paradis. On charge le mulet d’effets scolaires, alors que Fritz aide Marie à chevaucher un âne non sellé. L’ânier est Johnly, jeune parrainé ayant acquis assurance et belle allure. André et moi entreprenons l’ascension à pied avec Fritz.

À mi-chemin sur le sentier muletier, l’âne s’arrête, ahane, s’effondre de fatigue. Compatissante, Marie poursuivra sa route à pied, malgré un genou incertain.

Une fois arrivés, une nuée de sourires, d’embrassades, de tendresse nous accueille. Je crains le dérangement occasionné par ces visiteurs étrangers; on nous oppose le bonheur de cette réception. Dans l’humble presbytère, tout est prévu pour un confort optimal : lits lingerie, café, repas chauds, jus frais, eau distillée… On est reçus comme autrefois les cousins des États. Une vieille paysanne se courbe, me serre les mains, m’embrasse, et les yeux mouillés me dit simplement : « Mèsi anpil! ».

Margalie et Annette se lèveront chaque matin à cinq heures pour préparer notre confort; elles quittent leur classe pour brasser le riz. Un dévouement absolu.

jeudi 23 février 2012

La saison des pluies

Le 10 février 2012

Les pluies sont devancées d’une lune. Heureusement, elles se réservent la nuit pour effectuer leur ardente activité.

-- Antonio

/J.O.R.

mardi 21 février 2012

Olriche Tataille

Olriche est ce jeune homme que nous avons soutenu dans ses études, puis outillé pour ouvrir une modeste école de carrelage. Déjà, il gagne bien sa vie et, à son tour, accepte gratuitement des élèves non fortunés dans sa classe.

Comme tu le constates, je commence déjà à prévoir la rédaction du journal. Le séjour achève.
Hier matin, Dung et moi avons donné une couche à deux chambres. Se procurer de la peinture, c’est tout un problème. Aucune couche de fond disponible. Avoir su, j’aurais envoyé la peinture par conteneur…
Aujourd’hui, bureau et une multitude de petites courses. À trois heures, je donne un atelier de français à des parrainés du secondaire au centre Marie-Cécile.

-- Antonio

/J.O.R.

Le chant du coq

Grand-Goâve, février 2012


Le chant du coq

« Je lui appris quelques noëls de Saboly, Saint José m’a dit : " Turelure-lure le coq chante " ». Alphonse Daudet, Souvenirs d’un homme de lettres,
Pure baliverne!

Tu en désires une seconde? « Enfin, j’étais las, quand au loin, bien loin, le coq chanta : le chant du coq annonce le jour. » Erckmann-Chatrian, Contes de la Montagne

Deux légendes urbaines qui ne tiennent pas la route en Haïti. De fait, les coqs s’égosillent à qui mieux mieux toute la nuit en parfaite cacophonie. Leur mission sur Terre? Perturber le sommeil du brave paysan et de l’honnête coopérant.

Première question au déjeuner : « As-tu entendu les coqs cette nuit? » …

Oui, la nuit fut brève. À peine trois heures de sommeil. Comme je n’ai pas apporté suffisamment de somnifères, j’ai tenté vainement de me désaccoutumer. À l’avenir, j’essaierai plutôt de compenser par des Sérax.

À présent, les journées sont moins denses. Et les soirées plus calmes depuis les départs d’Alain, d’Isabelle, de Marie, d’André et d’Yvan. Seuls au Centre, Dung et moi avons l’occasion de faire relâche. Je ne devrais pas revenir épuisé.

Antonio

/J.O.R

mardi 14 février 2012

Bulletin de bonnes nouvelles...

Grand-Goâve, le lundi 11 février 2012


Mes très chers Mousquetons,


Les petites de Saint-François Marie et moi partons pour l’école Saint-François d’Assise afin de rencontrer chaque parrainé. Louis et André travaillent au chantier.

À présent que le survol de tous les projets est terminé, on ne court pas après le temps, au contraire, on l’utilise pour entrer en communication avec tantôt l’élève, tantôt un instituteur, tantôt un groupe classe.
Une grande joie nous attend : Marie-Yves Laporte, 98%; Michaëlle Denisca, 85%; Judema Laporte, 70%; Yves-Bertha Laporte, 64%; Nadège Myril, 89%. Des petites qui ne seraient pas scolarisées sans le parrainage et qui réussissent à surclasser à l’institution scolaire la plus renommée et la plus exigeante de Grand-Goâve, celle de l’élite. Ces pauvresses construiront l’avenir d’Haïti.


Antonio

dimanche 12 février 2012

Le coopérant

Le mardi 7 février 2012,

Depuis mes premières heures d’enseignement, en 1970, je crois à la joie : l’humain apprend aisément lorsque son cœur bat en harmonie avec le bien-être de son corps. Dès lors, malgré les efforts intenses déployés par l’alpiniste, le plaisir nourrira sa quête de l’ultime ascension.

Aujourd’hui, je m’abreuve à la même philosophie : la bonne humeur ravitaille l’élan du coopérant. Le travail en Haïti n’est pas facile. D’abord, on délaisse pour un certain temps sa femme, ses enfants, ses amis, son travail, notre confort si agréable. Puis on s’adapte à la douche froide; à la chaleur accablante; aux colonies de fourmis qui déambulent partout, partout sur le comptoir, dans les armoires, sur l’écran de mon portable; à la souris qui trotte sous le lit la nuit (et qui a percé un trou dans le sac à dos d’André). Enfin, le coopérant côtoie la misère la plus abjecte : le ventre creux de l’enfant; le désespoir du père et de la mère impuissants à soulager la faim de ses petits et d’acheter le médicament qui soulagera sa fièvre.

Dans ces conditions, comment garder le moral pour faire de son mieux, être efficace? Par l’action dans le plaisir. J’adore enseigner : alors, j’utilise une craie; Louis prendra le marteau; André, l’égoïne et sa guitare; Dung, son oreille et sa parole; et Marie, son cœur. Ainsi, formons-nous une équipe diverse, nous conjuguant aux forces et à l’appui des camarades, chacun mû par la passion qui lui est propre. Ainsi œuvrons-nous dans la joie.

En 2010, au lendemain de l’horreur, le Tabouret à trois pattes : Émilie, Antonio et Jean-Olivier. En 2011, les cinq Mousquetons : Alexandra, Antonio, Dung, Louis et Robert; puis ma fille Élisabeth. En 2012, les cinq Doigts de la main : Marie, André, Antonio, Dung et Louis.

Aujourd’hui, Équipe-Antonio est fière de son travail. Accompli grâce à vous, chers donateurs, sans qui notre main serait aussi vide qu’inutile.

-- Antonio

/J.O.R.

samedi 11 février 2012

Mise à jour à mi-parcours

Chers amis,
La première moitié de notre séjour prend fin.  Beaucoup a déjà été accompli. Beaucoup.
Les cinq écoles 
  • La visite de toutes les écoles;
  • L’inspection des travaux de construction de l’école Saint-Joseph; 
  • La planification des travaux de finition de l’école Saint-Joseph;
  • L’inspection de l’agrandissement d’une classe à l’école Maranatha; 
  • L’animation d’ateliers en arts plastiques;
  • Cours de mathématiques, français, géographie.
Le parrainage
  • La vérification des résultats scolaires des parrainés, de leur assiduité, de leur attitude en classe, de leur intérêt;
  • La sélection de 10 nouveaux parrainés;
  • La recherche d’écoles pour les nouveaux parrainés à la mi-année;
  • La visite d’une quinzaine de familles des parrainés;
  • La réparation de la caye de Méda, mère de Shoudley, un parrainé;
  • L’étude de projets de construction de maison pour des familles de parrainés.
Chambres pour les coopérants
  • La construction des trois chambres pour les coopérants sur le toit de ciment de Félix, notre agent sur place. Depuis le séisme, nous logions sous la tente sur ce même toit.
Nouveau projet
  • La visite d’un orphelinat à Port-au-Prince, magnifiquement tenue et fondée par sœur Fenna Berroët et par la communauté italienne de Santo Egidio. Nous leur apporterons  notre modeste soutien.
Comme l’écrivait André, l’équipe n’a pas chômé. Cependant fière de ses accomplissements. André Vallières, Louis Ménard et Marie Laurion sont repartis le mercredi 8 février, alors que Dung Pham est arrivé la veille. 
À bientôt,
Antonio Di Lalla
/J.O.R.

samedi 4 février 2012

Quelques nouvelles d'Antonio

Bonjour, chers amis,

Marie, une Suissesse, Louis, André et moi sommes arrivés 
à Grand Goave le 25 janvier, et déjà le travail avance. En tête de liste, la visite des écoles -- cinq au total. En classe, se succèdent ateliers d'arts plastiques, jeux pédagogiques, enseignement des mathématiques (soustraction avec emprunts, multiplication avec retenues) et de l'accord du participe passé. En dehors des classes, on inspecte les travaux: trois chambres pour les coopérants, sur le toit de ciment de Félix, notre agent, et la construction de la chapelle-école Saint-Joseph, qui se poursuit en montagne. Comme certains d'entre nous sont plus habiles avec les mots qu'avec des clous, nous organisons aussi des rencontres,  avec l'Association des handicapés de Grand-Goâve, par exemple, pour leur projet de conserverie. Faute de moyens, il nous faut aussi refuser plusieurs demandes d'aide. On trouve alors du réconfort dans le sourire de nos parrainés, que l'on visite à tour de rôle dans leurs familles. La plage, à qui nous avons accordé audience pour deux heures, nous remonte le moral elle aussi...

Dung arrive mardi. Tous ont hâte de le revoir.
 
« On ne chôme pas avec Antonio » écrivait André hier à ses amis... 
 
À bientôt,
 
-- Antonio



/ J.O.R.