dimanche 24 janvier 2016

Coûture au Centre Marie-Cécile (par Myriam Alepin)

En pensant à mon atelier de couture, j’étais loin de penser qu’il susciterait autant d’intérêt auprès des jeunes filles haïtiennes. Je m’étais préparée sommairement, mais comme en Haïti rien ne se passe comme on le prévoit, j’avais imaginé plusieurs activités de « secours » pour m’adapter aux désirs et habiletés des enfants.
Il est 9h du matin. À notre arrivé au centre, déjà plusieurs enfants attendent sous le manguier. La chaleur se fait sentir, même à l’ombre mon chandail me colle au dos et mon front  perle d’humidité.  On s’installe à l’intérieur.  Alban improvise un poste d’informatique avec ses trois ordinateurs, Marie-Line sort costumes et perruques en vue de son atelier de théâtre, et moi j’étale du ruban, des aiguilles, du fils et du tissus un peu partout sur la table. Naïma se joint à moi et fait le décompte des ciseaux disponibles.
 J’étais prête. Prête oui, mais pas à ça. Je m’attendais à deux ou trois jeunes filles,  elles étaient plutôt une dizaine autour de la table. Peut-être même moins, mais j’avais  l’impression qu’elles étaient plus de cinquante. Rapidement elles touchent à tout.  Je fige. Une idée et vite. Simple. Rapide. J’ai le vertige. Vite une idée.  Vite. Ah! DES BOUCLES ! Oui!

 Avec l’aide précieuse de Naïma, les fillettes ont choisi leur tissus puis tranquillement confectionné des boucles toutes simples pour mettre dans les cheveux. Les textiles ont cessé de voler de tout côté et j’ai repris mon souffle. La pression et le stress que je m’imposais ont quitté la pièce et j’ai finalement  pu apprécier le moment. Certaines filles plus habiles ont fabriqué deux, trois boucles  et même davantage. Les plus vieilles, plus habiles, ont  fait des camisoles sur mesure. Simples mais colorées, idéales pour le carnaval. Elles étaient fières.  Elles avaient tout fait, et la fierté dans les yeux d’un enfant est le plus beau remerciement que l’on peut espérer. À ma grande surprise, deux garçons se sont joints au groupe. Le plus âgé fabriquait un nœud papillon, sous les rires de ses amis amusés. Alors que le second, plus jeune, voulait faire une boucle pour une copine. Des sourires de plus. Merci. Les enfants quittent. Je suis épuisée. Tout suintante, le front maintenant huileux, mais contente, ils ont appris, ils ont eu du plaisir, et ils sont fiers. 
-- Myriam
ps: Photos à venir
/J.O.R

samedi 23 janvier 2016

Des nouvelles d'Antonio et de l'équipe de terrain

C’est toujours avec beaucoup d’émotions — un mélange d’excitation, d’envie, et de soulagement, qu’on reçoit des nouvelles d’Antonio et de l’équipe de bénévoles qui part chaque année pour Grand Goâve, Haïti. Leur précieux témoignage est notre unique fenêtre sur ce qui se passe sur place. La fanfaronnade des coqs, l’odeur des fruits trop mûrs tombés sur le sol, la chaleur du soleil, le goût sucré des pamplemousses…  
L’équipe de terrain est très occupée. En plus des travaux de routine — visite des écoles, suivi des parainnés, supervision des chantiers de construction — ses membres (ses mouquetaires comme Antonio aime à les appeler) font souvent face à des contretemps. On a beau y être aller plusieurs fois, dans ce beau pays, on s’y fait toujours surprendre.
Tout ça pour dire que si les nouvelles tardent depuis deux semaines, c’est que tandis que pour contourner les obstacles, tout le monde met la main à la pâte, peu trouvent le temps de la mettre au clavier. Premier point de contact hier soir, 22 janvier (excitation, envie, soulagement). Heureusement, Antonio nous rapporte, dans l’ensemble, de très bonnes nouvelles; malgré les moyens de pression d’ordre politique qui entravent le retour à l’école de plusieurs enfants, chacun des bénévoles se rend utile à sa façon: arts plastiques, cours d’éducation physique, cours d’informatique, et toute une panoplie d’ateliers.
Le visage de l’équipe change chaque année, alors de nouvelles recrues se joignent aux vétérans. C’est avec entrain et humour qu’Alban, Marie-Line, Myriam, Naïma et Antonio découvrent ou redécouvrent la région de Grand Goâve, et les familles qui nous y reçoivent à bras ouverts. Celle de Felix et Ketlie d’abord, puisque ce sont nos hôtes principaux; en second lieu celle constituée des enseignants et de la communauté qui soutient l’école Saint-Joseph située en montagne (qui accueille maintenant près de 200 élèves, et qui emploie, grâce à vos dos, 9 enseignants et membres de la direction). 
Les anectodes et les esquisses se succèdent, drôles, tristes, et curieuses, sous la plume d’Antonio. Dans les jours et les semaines qui suivront, j’en transcrirai des extraits. Je ferai de même avec les journaux de bord et les témoignages des autres bénévoles au fur et à mesure qu'ils me les communiqueront. 


Je commence dès demain avec un texte de Myriam Alepin, qui donne des cours de couture au Centre Marie-Cécile à Grand Goâve.

A bientôt,

J.O.R.