vendredi 7 octobre 2016

Matthew, c'est nous -- des nouvelles de Grand Goâve après le passage de l'ouragan

Haïti se trouve sur la trajectoire des tempêtes. Chaque année, ses habitants courent le risque d'être frappés de plein fouet par des rafales de 225 km/h et inondés par des pluies diluviennes. Ce n'est qu'une question de temps, et l'histoire se répète.  

Les historiens et les sociologues qui se penchent sur la question des désastres s'entendent sur ce fait: on a beau blâmer les vents et les pluies, il n'y pas, à proprement parler, de « catastrophes naturelles.» Par définition, une catastrophe est relative à la population qui la subie. Le lieu où elle frappe, la vulnérabilité de ses victimes, le niveau de prévention et de préparation des politiques et des répondants qui réagissent à son passage: le facteur humain entre en jeu. 

Ce n'est qu'une question de temps avant que l'ouragan frappe, mais le contexte social, politique, racial, et environnemental joue contre Haïti. Ajoutons que les changements climatiques causés en grande partie par nos pays riches, entraînent des tempêtes, sinon plus fréquentes, du moins plus intenses, et donc plus périlleuses pour sa population à risque. On a tous une part de responsabilité.

Cette fois, c'est l'Ouragan Matthew qui emporte avec lui ponts et chaussées, bétail et potagers, et à l'heure actuelle, au moins 478 vies humaines. On parle de 35000 réfugiés, le décompte n'est pas terminé.  

Les communications sont difficiles, mais nos collaborateurs sur place semblent en sûreté. Jeffry, un de nos parrainés et présentement étudiant en quatrième année de médecine, a réussit à nous joindre par Internet. Voici son diagnostique:
« Allô Mme Marie! 

Comment allez vous? J'ai pas pu accéder à mon compte ces dernières 48 heures vu qu'il y a panne d'électricité à Grand Goâve suite au passage de Matthew. Je viens de voir par mail que vous m'aviez écrit sur facebook. 

Je vais bien merci, la famille va bien, nos proches aussi. Mais le pays va mal. Au niveau de Grand Goâve, les autorités ont enregistrés 5 pertes en vie humaine. J'ai pas pu faire les infos pour savoir l'étendue des dégâts sur tout le pays. Les jardins sont détruits, on craint déjà une sévère famine, les animaux domestiques la plupart d'entr'eux sont partis dans les rivières en crues. Le pont de Petit Goâve n'est plus, pour accéder à cette ville les gens sont obligés de traverser la rivière à pied ou sur le dos d'un passeur pour de l'argent. Jusqu'à ce matin c'était ainsi. J'ai ouïe dire que la chapelle et l'école à St Joseph sont endommagées, je confirmerai pour vous plus tard.

En gros c'est la situation. L'éducation nationale avait donné congé sur tout le territoire. Les cours reprendront lundi matin. 

À bientôt pour d'autres nouvelles! 

Je vous embrasse! »

D'autres nouvelles suivront. Entretemps, j'en profite pour souligner l'importance d'exprimer notre soutien au peuple Haïtien, et en particulier à la communauté de Grand Goâve, où nous opérons, hors de portée des médias et des grands organismes de charité. Au nom de toute l'équipe, je vous invite à faire un don. 

J.O.R.



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