vendredi 30 janvier 2015

Une nouvelle marraine heureuse

Parce que j’étais tanné d’attendre que mon frère fasse des bébés, j’ai décidé que le titre de marraine, ce n’était pas seulement une affaire de famille.
Avant mon départ en Haïti je n’avais aucunement l’intention de parrainer une enfant.
Est-ce que l’argent va se rendre?
L’argent sert à quoi?
Est-ce que les enfants en profitent vraiment?
C’est avec Action-Haïti, équipe-Antonio que j’ai constaté de mes propres yeux que le parrainage a un gros impact sur la vie d’une famille.
Parrainer un enfant, c’est lui permettre d’aller dans une bonne école, d’apprendre à parler français.
C’est aussi lui donner une chance de sourire de s’amuser et de devenir le prochain Barak Obama.
Je pourrais mettre 300$ sur une nouvelle paire de botte d’hiver, mais comme j’ai un parrainé en Haïti, je préférerais venir passer mes hivers avec sa famille.
J’dois aller me faire bronzer si j’veux qu’Eightsando me ressemble.
À plus tard.

-- Marie-Line, une marraine heureuse et souriante.

jeudi 29 janvier 2015

Carrelage (extrait du journal d'Antonio)

7 h.  Olriche s’amène avec quatre étudiants de sa classe de carrelage. Ils passeront la journée au dallage de la chambre D’Artagnan sous la supervision de leur maître. À midi, Olriche m’interpelle : « Il manque des carreaux. À cause du motif, on a dû effectuer trop de coupes.» Comme on est dimanche, les commerces sont fermés. » Quelle tuile !

Fille d’un carreleur, Marie-Line propose la création d’une mosaïque pour le corridor menant aux chambres. Eureka! La tuile est corrigée !

lundi 26 janvier 2015

La flaveur du bois

Ce dimanche sera jour de repos.  Depuis le séisme, lors de mes séjours, je ne me rappelle pas en avoir pris un seul.  Il faut dire que l’équipe roule rond.
Je me sens bien. Il me faut assembler les pièces de différents casse-tête, qui s’ajustent aisément les unes aux autres. L’équipe me soutient et, déjà après quelque dix jours, Alban et Marie-Line sont autonomes. Deux jeunes talents animés d’un cœur sincère et généreux. Je ne les oublierai pas. 
Quant à Louis, à son 3e séjour, il nage comme un poisson rouge en liberté. Son départ approche; une deuxième semaine dynamique débutera mercredi matin.
Chaque départ, chaque arrivée dégage son parfum. C’est bien. La flaveur nette, capiteuse ou épicée, ranime alors la flamme du tout début.
Louis repart après deux semaines de travail intensif. Son domaine ? La construction. 
  • Le nombre de compagnons augmentant d’année en année, l’ajout d’une quatrième chambre à notre bivouac devenait indispensable. Rappelons que nous squattons le toit plat en ciment de notre agent M. Félix. D’Artagnan aura désormais sa propre couchette.
  • Aussi, Louis aura supervisé les réparations nécessaires aux maisons que nous avons jadis construites pour Freda et grand-mère Marie-Suzette.
  • Enfin, il aura assisté aux réunions de planification de la construction de l’agrandissement de 4 classes à l’école Saint-Joseph.
Le travail achevé, Louis repart le cœur fier et heureux. En prime, il rapporte chez lui la recette de la succulente sauce vinaigrette d’Alban.
Au nom de l’Équipe, mèsi anpil, anpil !

-- Antonio



/J.O.R.

samedi 24 janvier 2015

La balade en bécane (extrait du journal d'Antonio)

Après avoir reconduit à pied Yves-Bertha, Yves-Jude-Marie et Marie-Yves, trois filles de ? Laporte, je me rends compte que Jean-Yves, le benjamin, pourrait lui aussi participer à l’atelier de fabrication de petits bateaux animé par Marie-Line.
Du coup, j’enfourche mon vélo et me rends chez les Laporte. J’installe le petit bonheur à califourchon sur le tube horizontal et, d’un coup de pédale assuré, je file vers le centre à quelque dix minutes de distance, sous le regard fier de sa maman. Soudain, en route, j’entends un paysan hurler. Une crevaison, sans doute. J’arrête et le regarde.
« Ou li fè mal !, crie-t-il. »
Je ne comprends pas. L’homme s’approche; prend le petit dans ses bras et le replace de biais afin de sauver les bijoux du petit trésor. Je le remercie et repars.
« L’ap pèdi soulyé li !, crie-t-il. »
J’arrête de nouveau et le regarde. Je ne comprends pas. L’homme s’approche; prend dans ses mains le pied du petit, délace l’espadrille à demi son sorti de son peton, remet le soulier et relace la chaussure. 
«Mèsi anpil, mesye »

L’homme s’en retourne s’asseoir sur sa roche, souriant.
-- Antonio

/J.O.R.

mardi 20 janvier 2015

École Saint-François (extrait du journal d'Antonio)

L’équipe rencontre Evens Pierre-Antoine, le nouveau directeur. Jeune, dynamique, engagé, il nous fait une forte impression. Du coup, ingénieur informatique, Alban s’engage pour les 6 semaines à y enseigner l’informatique aux élèves du secondaire; Marie-Line trouve une niche en éducation physique. J’en suis très heureux.
-- Antonio

/J.O.R.

dimanche 18 janvier 2015

Saint-Joseph (extrait du journal d'Antonio)

Grand-Goâve, le 16 janvier 2015
Toujours le même accueil extrêmement chaleureux. L’école fonctionne bien et Hugues, le nouvel enseignant, cadre parfaitement dans l’équipe.
J’ai acquis une nouvelle maturité sur mon rôle de coopérant. L’an dernier, grâce aux observations de Claudine, j’ai constaté la très piètre qualité d’enseignement dispensé aux élèves du préscolaire, malgré la bonne volonté des jardinières et leur formation à l’école normale. Je ressentais de la déception et un peu de découragement.  
Cependant ma réflexion a macéré dans une bonne vinaigrette. 
  1. Annette et Helda, nos jardinières, sont d’excellentes personnes animées par le succès de leurs élèves.
  2. Elles ont la meilleure formation recevable en Haïti.
  3. Elles sont consciencieuses et généreuses.
  4. Elles entretiennent une excellente relation avec leurs petits bouts de chou.
Le hic ? Elles appliquent la pédagogie haïtienne où les enfants perdent le trois quarts de leur temps. Alors comment réagir ?
  1. Accepter l’état des faits sans jugement.
  2. Assumer mon rôle de semeur; je ne puis faire plus. Et comme la terre est fertile, faire confiance qu’au fil des ans, le grain germera.
  3. Profiter de la présence de tous mes merveilleux compagnons et compagnes pour faire vivre aux tout-petits le plus d’expériences sensorielles, motrices, créatives et intellectuelles possible.
Depuis, je vis très bien avec la situation.
Cette semaine, Marie-Line leur a fait découper des cartons, peinturlurer leur main, chanter, fait faire des casse-tête et leur a raconté des histoires. Pendant ce temps, Alban leur a fait découvrir les gros blocs Lego. 
D’autre part, dans les classes du primaire, la situation évolue. 
  1. Hugues, le nouvel enseignant de 5e, suit la formation pédagogique offerte à Grand-Goâve par l’Université du Québec à Chicoutimi.
  2. Durinville, 6e, commence à faire travailler les élèves en équipe.
  3. Witchie, 4e, commencera une formation en pédagogie en septembre prochain.
  4. Léonel, 3e, et Margalie, 1re, avancent à pas de tortue.
  5. Jean-Arnold, 3e, stagne dans ses vielles habitudes.
J’ai confiance. Comme les leaders sont Durinville, Hugues et Witchie, les trois locomotives sauront assurément faire avancer les wagons plus lourdement chargés de leurs certitudes.

Grande nouvelle ! Les travaux de construction ont débuté. Comme louis a rédigé un excellent texte qu’on retrouvera sur le blogue…
-- Antonio

/J.O.R.

vendredi 16 janvier 2015

L'arrivée, un aperçu (extrait du journal d'Antonio)

Grand-Goâve, le jeudi 8 janvier 2015
Sans surprise, les coqs sont au rendez-vous. Cette cacophonie est étrange. Elle pourrait autant servir de piste de son pour un film de suspense que d’évoquer une rumeur pastorale. Non l’acuité du gueulement rappelle plutôt le charivari.
À notre arrivée, le 7 janvier, la famille de Félix nous accueillit avec sourires et chaleur. Retrouver un chez-soi à l’étranger quart-mondiste s’avère pour moi une nécessité. Les chambres étaient propres;  les lieux nous attendaient. Déjà ce matin je pourrai commencer mes activités.
Louis était étonné du bon état du bivouac. Très heureux de l’entretien de son œuvre, voire de l’amélioration. Il compte organiser son chantier ce matin. Déception ! Félix n’a pas commandé les matériaux. À la première heure, Noé devrait toutefois être présent.
Enthousiastes sur la route, Alban et Marie-Line semblent démunis devant la présence des blattes.  Et de l’état de la bécosse.  Cependant, le moral et la motivation sont au rendez-vous. Je suis très content de leur présence parce que j’avoue que cette année le cœur se fait languir.
Une tuile cette année : peu ou prou d’électricité depuis le mois de novembre. Grâce à la génératrice de Félix, nous en souffrirons moins. Cependant, nous n’y aurons accès que quelques moments chaque jour. Ma lampe frontale servira avant l’aube.


La journée du 8 janvier offre deux surprises :
  1. Noé se présente dès 8 h et les matériaux commandés par Félix apparaissent une demi-heure plus tard. Tant et si bien qu’à la fin de la journée, les murs préfabriqués attendent patiemment d’être fixés à l’édifice existant. Louis est heureux et je crois que ce séjour lui sera d’un grand secours dans l’acceptation de ses limites physiques. Il se sent revivre dans ses capacités de bâtisseur.
  2.  Plusieurs écoles n’ouvriront que mardi prochain… C’est le cas pour CÉSEV, Notre-Dame-Marie et peut-être Den’s. Par contre, les portes de Maranatha, de Saint-François et de Minerve sont ouvertes. Notre date d’arrivée est certes une semaine trop hâtive.
   Les vélos sont montés, mais les pneus pas encore gonflés. Les trois mousquetaires se rendent donc à pied à l’école Maranatha. Maxis, toujours aussi accueillant, nous donne rendez-vous pour vendredi matin. 
En route pour Notre-Dame-Marie, nous payons une visite rapide à Magnel (président de l'association des handicapés de Grand Goâve) et Marie (son épouse). La joie de la rencontre entre vieux copains.
La rivière Grand-Ravine est complètement tarie. Nous pouvons donc la traverser à gué aisément, nous évitant ainsi un long détour. ...
-- Antonio


lundi 12 janvier 2015

Madame Boules*

Deuxième témoignage, cette fois-ci de notre amie Marie-Line Pitre.



Avant mon départ vers le pays du soleil, je n’avais qu’un projet en tête :
trouver de belles grosses boules* pour jouer au foot.

Heureusement, en Haïti, la meilleure façon de rendre les enfants heureux, c’est leur offrir un sourire et un ballon de soccer.
J’avais choisi le sport parfait.
Par chance, parce que j’ai 90 ballons de soccer à donner.

Dès mon arrivée en Haïti, je donne deux boules au voisin ; je donne deux boules aux enfants de la maison ; je distribue des boules dans les écoles.

Et faut dire que je suis probablement la seule blanche, blonde aux yeux bleus du coin avec des grosses boules... de soccer… à donner.

«Mawi-Line, Madame Boules !»

Et comme mon surnom l’indique, je joue également avec des boules… de soccer.

Comment faire partie d’une gang?
Facile.
Des jeunes, des moins jeunes et une boule de soccer.
Du plaisir pendant des heures et des heures.
Je te l’assure. D’ailleurs, j’essuie encore la sueur sur mon front.
La première partie, s’est déroulée au parc, au coin de la rue l’Impasse de l’Amitié.
Tu connais?

Une trentaine de jeunes sourient au soleil, pieds nus dans les roches à frapper un ballon de soccer. Je venais de retrouver le bonheur.
Évidemment, je suis moumoune, j’ai joué en gougounes.
On a perdu en finale.
Mais j’ai gagné la confiance des Haïtiens et quelques ampoules.

Bref, je dois aller me faire des cornes sur les pieds pour le prochain match.

À bientôt les sportifs !

-- Mawi-Line, Madame Boules



* Boule = ballon en créole haïtien

dimanche 11 janvier 2015

« Ki bagay sa a ? » (Qu'est-ce c'est que ça?)

Voici un premier témoignage, signé Alban Jouvin, l'un des sympathiques compagnons qui se joignent à l'équipe de terrain cette année. Petite bio à venir, mais entre temps, voici de quoi vous donner l'idée du personnage...


« Ki bagay sa a ? » 

Avant le grand départ, je me posais des questions par rapport à la perception de mes tatouages en Haïti. Comment vont-ils réagir? Est-ce qu’ils vont m’accepter? Vais-je être une nouvelle divinité vaudou ? 

Trop de questions qui s’éloignaient de la réalité à venir.

5 minutes dans la maison où nous habitons m’auront suffi pour comprendre que mon physique atypique allait être une force pour cette aventure. 

Dès notre arrivée, tous les enfants étaient autour de moi pour me poser des questions. Tout le monde vouloir savoir ce que c’était. Mes tatouages sont devenus un passeport de communication. J’avais gagné la bataille de la curiosité contre les cheveux blonds et les yeux bleus de Marie-Line. Tellement banals ! Pffff.

Certains aiment, d’autre pas, mais dans tout les cas le respect est là. La connexion est instantanée. 

Tellement de succès que les enfants qui nous accompagnent en ville me demandent de mettre des manches longues, car ce sont eux qui en ont marre de s’arrêter à chaque coin de rue.

Je n’aurais jamais pensé qu’un jour l’ornement de mes bras allait être un outil de travail, une porte,  une ouverture à la confiance.


Je vous laisse car je dois aller protéger cet outil de travail et mettre ma crème solaire indice 100 millions. Ouais, c’est ça être roux !

-- Alban Jouvin

mercredi 7 janvier 2015

Le Grand Antonio (Hommage à notre ami)



















Pour faciliter la compréhension du récit, nous allons tâcher de présenter les différents bénévoles qui accompagnent Antonio dans son périple. Mais commençons par le maître d'oeuvre. À la veille de son départ pour Haïti, Claudine Pelletier souhaitait lui rendre hommage. Alors, voilà…

Connaissez-vous le Grand Antonio? Il a fait sa renommée en tirant avec ses cheveux des autobus bondés de gens, ou encore pour avoir tiré un train de 433 tonnes sur 19,8 mètres. Mesurant 1,93 m  (6' 4'') et pesant près de 225 kg (495 lb), il affronte de grands champions nippons.

Ceux qui connaissent Antonio Di Lalla, savent bien que cette description ne lui sied pas… Et ce, sur plusieurs points! 

N’empêche qu’à mes yeux, notre Antonio, d’Équipe Antonio, est tout aussi fort! Il parvient à amasser des sommes impressionnantes pour la scolarisation de nombreux élèves (parrainage). Des maisons sont construites pour les plus démunis. De l’aide est accordée pour le démarrage de petites entreprises ainsi que pour l’apprentissage d’un métier. Les parrainés ont des activités d’arts, de sport et de menuiserie… Sans oublier une belle fête au bord de la mer! 

Il vous dira sans doute qu’il n’est pas seul dans l’Équipe. C’est vrai, il est accompagné d’un grand nombre de collaborateurs qui œuvrent avec lui, poursuivant les mêmes buts, année après année. Mais c’est grâce à ses qualités de rassembleur que nous le suivons avec joie dans ses multiples projets.

Merci Antonio d’être là pour les timouns et leurs familles! 
Et longue vie à Équipe Antonio!

-- Claudine Pelletier


Vers un nouveau départ: Journal de Bord 2015

C'est aujourd'hui qu'Antonio et une partie de l'équipe ont pris leur envol pour Port-au-Prince, d'où ils auront fait route vers Grand Goâve. Dans le courant des prochaines semaines, nous rendrons compte des activités de nos bénévoles au fur et à mesure qu'ils nous communiqueront leurs témoignages.

Restez donc à l'affut des mises à jour, elles ne sauront tarder.

/J.O.R.