samedi 1 mars 2014

L’Impasse de l’Amitié

Ce soir, un orage tropical nous a surpris. Une perturbation atmosphérique violente accompagnée de pluie, de vents, d’éclairs et de coups de tonnerre. Le retour d’une rencontre avec l’équipe de Projets Maryse se faisait hasardeux. Étrangement, dès que la pluie cessa, la voûte céleste redevint illico étoilée, pas un nuage.
La rue Saint-François, artère principale de Grand-Goâve est pavée de briques. À part quelques sauts pas très périlleux, le retour s’exécuta assez bien. Toutefois, pour se rendre à notre bivouac, il faut emprunter l’Impasse de l’Amitié, une ruelle de terre battue. Devant nous, d'immenses plaques d'eau entourées de boue. Pour nous frayer un chemin,  Claudine, Lucie et moi lancions des cailloux afin de traverser à gué les mares d'eau pour ne pas souiller nos chaussures. 
Puis, un étang nous bloqua la route. Impossible d’avancer.
Quelques Haïtiens circulant dans l’allée s’amusaient gaiement à nos dépens. Du coup, un attroupement d'une quarantaine de personnes nous entourait pour contempler l’absurde spectacle, eux dont les pieds nus barbotaient dans l’eau trouble avec indifférence.
Soudain, une grosse femme s'est approchée de moi. Sympathique à notre désarroi, elle m'intima de monter. Sans hésitation, je grimpai sur son dos et traversai la barbotière, heureux comme un bambin sur les épaules de son papa.  Une autre dame enjoint Claudine à m’imiter. Enfin, la grosse femme est venue chercher Lucie.

Toute l’assistance se mit à rire et à applaudir. Nos chaussures furent aussi soulagées que nos cœurs joyeux.
C'est comme ça la vie en Haïti.
Désormais, je sais qu’une impasse se traverse beaucoup plus facilement avec le secours de l’amitié.
-- Antonio 
/J.O.R.  

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