vendredi 28 mars 2014

Amboise Blanchard, futur carreleur



Amboise, timide garçon de Grand-Goâve, apporte un jour une lettre à Antonio. Lettre écrite en français, langue qu’il parle pourtant si peu… Il souhaite apprendre le métier de carreleur, mais n’a pas l’argent nécessaire pour entreprendre ses études. 

Antonio contacte alors Olriche, ami haïtien à qui il a donné le même coup de pouce il y a près de 7 ans et qui enseigne maintenant le carrelage. « Serait-il possible de lui trouver un endroit où étudier et de faire en sorte qu’il y obtienne une bourse? »

Plusieurs jours d’affilée, Amboise venait à la porte demander des nouvelles à Antonio… C’est moi qui l’accueillais à chaque fois et qui lui répondais, dans un créole approximatif, qu’il était absent. 

Finalement, un soir, Olriche et Amboise se présentent à la maison afin de régler l’entente : il obtient une demi-bourse de Kay Bob, mission fondamentaliste qui a mis sur pied une bonne école de formation dans différents domaines et qui emploie Olriche pour les cours de carrelage. 

Puis, nous lui annonçons qu’Équipe-Antonio assumera l’autre moitié des frais de scolarité pour son cours. Nous lui fournissons aussi les outils de base. 

M’étant prise d’affection pour ce jeune démuni, mais motivé, j’ai proposé à Antonio de financer moi-même ses études. Je suis heureuse de penser que je peux faire une différence dans la vie d’un jeune homme et de sa famille.


-- Claudine Pelletier

/J.O.R.


samedi 15 mars 2014

Carnaval!


Le Mardi Gras est fêté en grandes pompes à Haïti. L'école Saint-Joseph de Laporte a organisé un festival regroupant toute la collectivité. Une journée mémorable où les enseignants transmettent à leurs élèves la culture de leurs ancêtres.


-- Antonio



/J.O.R

jeudi 13 mars 2014

Le retour



Ça y est, je suis rentrée hier (12 mars) dans la tempête de neige. Le vol n'a pas été retardé et encore moins annulé. Le transport depuis Grand-Goave vers Port-au-Prince n'a pas été de tout repos (2 h 30) : embouteillages, panne, accident,... Maryse était avec moi et avons craint à plusieurs reprises de faire un face à face avec des camions venant en sens inverse. Ce fut définitivement ma journée la plus stressante!

J'étais la dernière de l'équipe-Antonio à rentrer. J'ai profité de cette semaine pour clore certains dossiers et travailler avec Maryse.
J'ai apprécié ce moment plus tranquille pour me reposer à la plage et passer du temps avec mes nouveaux amis dont Guerline, Denis, Olriche, Wilson, Francky et tous les autres dont les noms m'échappent...

Ma famille m'attendait à l'aéroport, je n'avais pas vu mes deux garçons depuis six semaines... Heureusement, grâce à la tempête, ils sont en congé aujourd'hui. Nous irons donc jouer dans la neige pour célébrer mon retour!

Je me sens privilégiée d'avoir participé à cette grande aventure et son succès est dû à la grande collaboration de tous les compagnons et collaborateurs d'ici et d'ailleurs.


À la prochaine, je l'espère !

-- Claudine

/J.O.R.

mardi 4 mars 2014

Je suis là pour toi



Gérald est maçon. Le travail étant rare, il conduit une mototaxi. Comme c’est un jeune homme fiable, nous faisons appel à ses services lorsque les distances ne nous permettent pas de nous déplacer avec nos bécanes. Ou que le temps presse pour un rendez-vous.
Un premier trajet en montagne avec Claudine; Gérald détourne le sujet lorsque vient le temps d’acquitter la course. Une seconde course avec Julie, Claudine et Stéphan (2 motos) pour la visite de trois familles de parrainés, le phénomène se répète.
Jeudi dernier, je rencontre Gérald sur la rue Saint-François. Heureux de nous revoir, nous nous saluons avec un sourire rayonnant.
« Gérald, combien pour les deux courses? je demande.
Ne t’inquiète pas pour ça.
Combien Gérald? 
Ne t’inquiète pas pour ça. »
J’Insiste. « Je veux savoir combien pour les deux courses. »
Alors Gérald me répond : « Je suis là pour toi. »
Je ne comprends pas.
Il explique : «Toi, tu viens de loin pour aider les Haïtiens. Moi, je suis là pour toi. »

Ému. Je lui serre la main avec reconnaissance.

-- Antonio

/J.O.R.

samedi 1 mars 2014

L’Impasse de l’Amitié

Ce soir, un orage tropical nous a surpris. Une perturbation atmosphérique violente accompagnée de pluie, de vents, d’éclairs et de coups de tonnerre. Le retour d’une rencontre avec l’équipe de Projets Maryse se faisait hasardeux. Étrangement, dès que la pluie cessa, la voûte céleste redevint illico étoilée, pas un nuage.
La rue Saint-François, artère principale de Grand-Goâve est pavée de briques. À part quelques sauts pas très périlleux, le retour s’exécuta assez bien. Toutefois, pour se rendre à notre bivouac, il faut emprunter l’Impasse de l’Amitié, une ruelle de terre battue. Devant nous, d'immenses plaques d'eau entourées de boue. Pour nous frayer un chemin,  Claudine, Lucie et moi lancions des cailloux afin de traverser à gué les mares d'eau pour ne pas souiller nos chaussures. 
Puis, un étang nous bloqua la route. Impossible d’avancer.
Quelques Haïtiens circulant dans l’allée s’amusaient gaiement à nos dépens. Du coup, un attroupement d'une quarantaine de personnes nous entourait pour contempler l’absurde spectacle, eux dont les pieds nus barbotaient dans l’eau trouble avec indifférence.
Soudain, une grosse femme s'est approchée de moi. Sympathique à notre désarroi, elle m'intima de monter. Sans hésitation, je grimpai sur son dos et traversai la barbotière, heureux comme un bambin sur les épaules de son papa.  Une autre dame enjoint Claudine à m’imiter. Enfin, la grosse femme est venue chercher Lucie.

Toute l’assistance se mit à rire et à applaudir. Nos chaussures furent aussi soulagées que nos cœurs joyeux.
C'est comme ça la vie en Haïti.
Désormais, je sais qu’une impasse se traverse beaucoup plus facilement avec le secours de l’amitié.
-- Antonio 
/J.O.R.