jeudi 31 janvier 2013

Mot d'Antonio


Chers amis,

Nous sommes animés. Hier encore, j'ai travaillé depuis 4 h 30 le matin jusqu'à 21 h. Les dossiers progressent bien:

- visite complétée des familles de nos 56 parrainés;
- visite de nos 5 écoles;
- rencontre de nombreux nécessiteux;
- achèvement des travaux de construction de la chapelle-école Saint-Joseph;
- recherche créative de techniques pour la construction de la novelle école à Laporte, sise dans les montagnes.
- construction d'une maison pour la famille Laguerre, composée de 5 jeunes enfants;
- achat d'une chouette maison pour la famille Michel: père handicapé, mère enceinte de son second enfant;
- analyse des budgets.

André travaille au chantier, alors que la pédagogie anime mon coeur.

Il est 6 h. L'heure de faire bouillir l'eau pour le thé matinal.

Bonne journée !

-- Antonio

/J.O.R.

lundi 28 janvier 2013

Un toit pour eux: rapport


Voici un autre message d'André, qui fait cette fois-ci son rapport sur le projet de construction de maison. 

Bonjour à toutes et à tous

Je suis présentement en Haïti depuis deux semaines et demi, et je tenais à partager avec vous d’excellentes nouvelles en rapport avec notre projet « Un toit pour eux », visant à construire des kayes (petites maisons) pour sept familles haïtiennes qui ont tout perdu lors du séisme de 2010 et que nous avons ciblées parmi celles de nos parrainés.

Tout d’abord, le gros scoop à partager avec vous est que le projet est financièrement bouclé, c’est-à-dire qu’on a réussi, avec votre aide et par l’entremise de diverses activités de financement, à amasser suffisamment d’argent pour toutes les familles ciblées, les derniers montants manquants ayant été récemment fournis par trois généreux donateurs. Encore mille mercis et félicitations à vous toutes et tous, car sans votre support ce projet n’aurait pas pu être réalisé.

Liste des familles bénéficiaires :
  •  Laporte: Nous avons fourni le dernier 1000$ qui leur manquait pour terminer la construction et enfin pouvoir habiter leur kaye.

  • Freda: Nous avons payé le déménagement de la kaye (bâtie par nous il y a quelques années), sur un nouveau terrain qui nous a été donné (le propriétaire du terrain que l’on louait auparavant pour les Freda menaçait depuis quelques temps de les expulser et de saisir leur maison);

  • Magnel: Nous avons officiellement complété l’achat d’une maison mieux située et adaptée à son handicap (Magnel est en chaise roulante). En retour on récupérera l’argent de la vente de sa première maison bâtie par un autre ONG sur un terrain prêté temporairement;

  • Badio: kaye construite et terminée (voir archives du blog)

  • Samedi: kaye construite et terminée (voir archives du blog)

  • Laguerre: kaye présentement en construction. Je participe activement aux travaux sur le chantier presque chaque jour, pioche, pelle et brouette à la main. J’aurai ainsi la chance de suivre l’évolution des travaux du début jusqu’à la fin. Marie et Jean-Oliver ont également travaillé très dur sur le chantier durant leur récent séjour. 

  • Joseph: dernière kaye à construire pour boucler ce projet. Nous attendons que la route d’accès au terrain des Joseph soit réparée.


Une fois de plus « mesi anpil » à tous les donateurs!

-- André

/J.O.R.

vendredi 25 janvier 2013

Le Bivouac

Il y a trois ans, Antonio, Émilie et moi dormions sous des tentes fichées sur le toit de ciment de la maison de Félix. Au mieux, nous pouvions nous y assoir le jour si la température le permettait. La nuit, nous sentions le grain du gravier contre notre dos et l’humidité de la pluie au travers de la toile. Malheur aux petites vessies et aux somnambules : ils s’écorchaient les orteils sur les tiges de tétanos qui poussaient ça-et-là à travers la dalle – l’ancrage d’un deuxième étage qui n’avait pas été construit. (Il ne le serait jamais d’ailleurs, la frayeur causée par le séisme ayant freiné l’ambition architecturale de notre hôte, comme celle de la plupart des Haïtiens.)

Les compagnons de 2011 ayant répété l’expérience de camping et tiré de semblables conclusions (ouch!), il devint clair qu’il nous fallait un camp de base plus confortable si nous souhaitions poursuivre nos activités à long terme. Faut dire, à long terme, certains d’entre nous vont être vieux… 
Nos maux de dos et l’imagination de Louis ont donné naissance au Bivouac. Le Bivouac, ce n’est pas un deuxième étage, mais c’est tout comme. D’inspiration scoute, il comprend maintenant trois cabanes de bois, rustiques mais spacieuses, bien aérée, avec des lits, des tablettes pour le rangement, des moustiquaires et des rideaux. Avec le salage de céramique, les cordes à linge, une table à pique-nique et quelques chaises, c’est presque du luxe. Nous devons toujours descendre au rez-de-chaussée pour cuisiner (et décuisiner), mais nous avons l’électricité du soir au matin, presque chaque jour. C’est notre quartier général, notre lieu de rencontre, notre hôtel 3000 étoiles (à l’œil nu).
Bivouac
La terrasse

L'intérieur

Chez Félix (Marie, Ketly, J.O., Antonio, Félix, André)


jeudi 24 janvier 2013

Jour 15, un vol de retour

Marie dort à ma gauche, siège 33A, hublot. Une sexagénaire  haïtienne somnole à ma droite, chapeau sur tête. Il paraitrait que c'est l'hiver à Montréal.

Trop cheap pour me payer les écouteurs Air Transat (et Air Transat, trop cheap pour offrir l'option des sous-titres à ceux qui ne payent pas pour le son -- pensez-y une minute) je sirote le temps en regardant la version muette de Monster Inc.

Booh! Une agente de bord pleine de dents sort de nulle part et interrompt un des dialogues clés de l'histoire. Elle apporte les fiches de déclaration douanières, sans crayon, évidemment.

Marie sort sa plume, je la lui emprunte afin de remplir mon devoir de voyageur responsable. Avez-vous visité une ferme durant votre séjour en Haïti? -- Euh, définissez ferme svp? -- Avez-vous marché dans de la bouse de vache, monsieur? -- Et vous, monsieur l'agent, avez-vous marché dans de neige durant votre séjour à Montréal?

Alors que je complète ma fiche, j'observe que la dame à ma droite a de la peine à remplir la sienne. En fait, elle la tient à l'envers. J'échange quelques mots avec elle en créole, elle me confirme ce que je suspecte: elle est analphabète. Originaire de Pétionville, elle vit a Montréal avec ses enfants et ses petits enfants. Eux sont instruits. Elle n'a pas eu cette chance.

Je l'aide à remplir sa fiche (Grand maman, transportez-vous des armes à feu? On va dire que non. Avez-vous visité une ferme durant votre séjour? ...). Elle pose une croix au bas de la feuille et me sert la main en signe de reconnaissance.

Ce petit rien donne son sens aux projets éducatifs de notre équipe.

Trois mille kilomètres et 70 degrés Celsius plus tard, le vol TS-665 arrive à destination.

mardi 22 janvier 2013

Jours 12, 13, 14 (veille d'un départ)

Deux semaines, c'est court. Les derniers jours ont été denses. L'animation dans les écoles de nos parainnés ont occupés le plus clair de mon temps, de même que les réunion et (dans le cas d'André et Marie) le travail sur le chantier de la maison des Laguerre.

Marie et moi en sommes déjà à la fin de notre voyage. Les valises sont prêtes.

Les aurevoirs seront brefs, mais poignants. Nous formons une belle équipe qu'il sera dommage de diviser; nos hôtes haïtiens vont nous manquer eux aussi. Consolation dans la perspective de cheddar fort et de toilettes sans coquerelles.

Demain à l'aube, nous prendrons un taxi en direction de Port-au-Prince avec Antonio et Félix; avant l'aéroport, nous arrêteront à une librairie où on espère pouvoir passer une commande de dictionnaires français-créole pour nos écoles (Saint-Joseph en particulier). Le vol est prévu pour 16h, l'arrivée à Montréal pour 21h.

Le récit du périple ne s'arrête pas là, bien au contraire. Antonio est encore à Grand Goâve pendant trois semaines, André, quatre. Je continuerai à vous transmettre des nouvelles en mots et en images depuis le confort de la maison. Plutôt qu'un récit linéaire, je publierai par capsules, par thèmes.

À bientôt!

J.O.R.

dimanche 20 janvier 2013

Jours 9, 10, 11: Papiers, Roches, Scies

Voici une adaptation d'un témoignage d'André, qui a pris mon relais sur le clavier ces derniers jours.
 
« Ça fait maintenant un peu plus d’une semaine qu’on est arrivé et chacun de nous a vraiment l’impression d'être ici depuis plus de 2 semaines, tellement les journées sont remplies.
 
Jeudi fut particulièrement chargée, tant sur le plan physique qu’émotionnel, au point que j’ai eu le feeling de faire deux journées dans une. En matinée, on a rencontré Magnel, un handicapé en chaise roulante pour discuter avec lui du déménagement de sa petite maison en bois, bâtie par l'organisme Handicap International, mais sur un terrain prêté, le temps qu’il se trouve et achète un terrain à lui (c'est parfois compliqué ici la manière de faire). Malheureusement cet emplacement provisoire n’était pas du tout approprié pour Magnel avec son handicap et il vit présentement dans une tente de fortune chez un ami, séparé de sa femme et ses enfants qui vivent temporairement dans leur famille, à l’extérieur de Grand Goâve. Comme ce type de construction en bois ne dure en moyenne que 5 ans à cause du climat, on avait envisagé de lui bâtir une maison en béton comme nos autres kayes, au lieu de payer pour déménager sa maison en bois. Mais une autre option s’offrait à nous, celle d’acheter une maison existante en béton. Après analyse, on opte pour cette dernière solution. Il fallait être là pour le vivre et voir le sourire illuminer le visage de Magnel quand on lui a annoncé qu’il aurait enfin sa maison et que très bientôt sa femme et ses enfants pourraient revenir vivre avec lui. Ce fut un moment très émouvant. Précisons que Magnel est très pauvre car il n’arrive pas à trouver du travail avec son handicap.

Ensuite, je retourne travailler en après-midi sur le chantier de la maison des Laguerre. On a reçu un 2e camion de grosses pierres (grosseur ballons de soccer en moyenne), mais cette fois le camion n’a pas pu approcher autant le site à cause de travaux sur la route. Il faut donc d’abord transporter les pierres une par une dans nos bras ou sur la tête (certains en transportent plusieurs dans une chaudière sur leur épaule), le long d'une pente abrupte, pour les transporter ensuite jusqu’au chantier à l’aide d’une brouette, en empruntant un petit sentier qui se nomme, soit dit en passant, Impasse André! Un trajet total d’environ un demi kilomètre. On doit même enjamber un fossé avant d’atteindre les brouettes. C’est un travail titanesque et inimaginable que de transporter tout ce tas de pierres (un camion entier), mais il n’y a pas d’autre solution. Même madame Laguerre transporte nu pied d’énormes pierres (le double ou même parfois le triple d’un ballon de soccer), sur sa tête et en équilibre SVP, sans l'aide de ses mains. Quelques jeunes enfants participent également au transport des pierres.
 
 Il faudra 2 jours complets pour tout transporter. Je participe seulement une heure le premier jour, mais vendredi Jean-Olivier, Marie et moi on bosse avec les Laguerre et leurs amis pendant plus de 3 ½ heures non-stop, par une chaleur torride et sous un soleil de plomb. La journée terminée, je vais me saucer dans la mer, un court moment de détente bien mérité. En prime, il y a même une poule sur la plage. On n’est vraiment pas dans un resort pour touristes ici, quoi que la plage et la mer soient magnifiques. Pour terminer je rend visite quelques minutes à la mère de notre jeune parainné qui habite non loin de la plage. Bref, les journées sont vraiment bien remplies ici.

*
 
Afin d'obtenir du petit concassé pour ajouter au mélange du ciment, les gens achètent souvent des pierres plus grosses et les cassent une à une en petits morceaux, à l’aide d’un marteau. Certains Haïtiens font ce travail à longueur de journée. On croirait les Daltons au pénitencier.

* 

Samedi matin je donne mon premier cours d’ébénisterie à 7 garçons de 5e et 6eannée. Le projet, qui prendra 3 demi-journées, consiste à réaliser un petit coffre en bois, pour lequel j’ai dû apporter tous le bois du Québec. Le cours s’est très bien déroulé, mais ce fut un peu plus difficile que prévu, car je n’ai pas vraiment l’expérience de montrer des travaux manuels à tout un groupe de jeunes. Ce serait plus facile et efficace de les prendre un par un. Mais l’expérience est tout de même très enrichissante et les jeunes ont bien aimé l'activité. »
 
-- André
 
J.O.R.

vendredi 18 janvier 2013

Jour 6, 7, 8: Saint-Joseph

L’école est magnifique, le décor l’est encore plus.
 
Saint-Joseph
 
Un oasis de verdure

André : C’est un vrai petit paradis ici.
Vieille femme : Le paradis… en enfer.
Elle l’affirme d’un air grave, pour le mettre mal à l’aise, puis elle éclate de rire. Ça résume bien son monde.
Vieil arbre
 
Laporte n’est pas un village. C’est un lieu-dit. À l’échelle de la région, Saint-Joseph est une cathédrale, ce qui fait de nous des bâtisseurs. Depuis les claustras de la nef, on jouit d’une vue sur une vallée profonde et verdoyante, un oasis dans les montagnes, où règnent quelques-uns des plus vieux arbres du pays.
Nous avons une chance exceptionnelle d’être accueillis, nourris et logés le temps de notre visite. Nous nous installons dans le nouveau presbytère, où Joseph Guy (le directeur), Durinville et Woutchy (enseignants de 4e et 5e année) vont jusqu’à nous prêter leur lit. En échange, nous leur apportons du support matériel, des idées, une lampe à l’huile, et des chansons du Québec. Comme la nuit tombe vite en montagne, nous partageons les jeux de dés, les jeux de cartes, les devinettes, les tours de passe-passe, l’obscurité.
On partage l'obscurité


Lundi, mardi et mercredi, c’est la fête. 165 « enfants » âgés de 4 à 20 ans fréquentent l’école (le nombre va croissant d’année en année). La plupart savent que notre visite est synonyme de remous. Nous faisons notre possible pour ne pas chambouler l’horaire, mais il est certain qu’élèves comme enseignants s’attendent et souhaitent la nouveauté. Musique, jeux, activités de bricolage : nous voulons élargir leurs horizons, qui bien souvent se limitent au cloître naturel des montagnes.

Bricos de Marie
Fait dodo, Colas mon p'tit frère...
 
Le 21e siècle finira par rattraper St-Joseph : c’est dans cette optique que l’école a été bâtie. Ce jour ne sera pas nécessairement un jour heureux. La technologie apportera des bienfaits, mais aussi des besoins que les paysans de l’arrière-pays ne connaissent pas ; ils sont pauvres, mais curieux paradoxe,  l’ignorance semble les protèger de la misère. Inévitable destin. Heureusement, l’éducation dispensée à Saint-Joseph prépare les enfants aux défis qui se présenteront à eux dans les décennies qui viendront.
Terrain de jeux


À 200 mètres de l’école, se trouve un terrain où les enfants jouent au ballon et à la corde à danser –  lorsqu’ils en ont. Comme le matériel est rare, je prends les groupes à tour de rôle pour leur apprendre des jeux qui n’en requièrent aucun. Tag statue, gardien du musée, bulldog, kick la cacane, cachette, jeu du couturier, course de trains … jeux communs dont ils n’ont jamais entendu parler. Les enfants se sont amusés comme des enfants… Et les enseignants? Tout autant. Avec un peu de chance, certains prendront l’initiative d’organiser des jeux à leur tour; sinon, l’exercice aura tout de même été trois jours de découvertes.

Frère Jacques en canon...
 
En plus des jeux, nous avons chanté, beaucoup chanté. Le peuple haïtien aime le chant et la danse : pour eux, c’est un acte de dévotion et l’expression de leur intégrité; les enfants de la maternelle ont déjà le sens du rythme. Tous ne chantent pas juste, mais ils chantent avec cœur. L’idée d’une chorale a été semée. Nous verrons, à moyen terme, si le projet est envisageable. Entretemps, je fais une Fräulein Maria de ma personne et leur enseigne le Do ré mi.

Lecture
 
Pendant ce temps, Antonio fait la vérification des bulletins des élèves; André apporte du support pédagogique en mathématique et joue de la guitar; Marie fait un bricolage avec du sable coloré. Nous dressons aussi l’inventaire de la bibliothèque mobile que nous avons apportée à dos de mulets. Au total, plus de 250 livres que nous classons dans des bacs en fonction du niveau de difficulté de lecture. Nous effectuons aussi quelques tests de lecture à l’aide de livres sélectionnés avec soin par ma Johanne, ma maman, en vue d’acheter des livres de lecture obligatoire pour chaque classe. Vers la fin du séjour, nous apportons les bacs au sein des différents groupes d’élèves, et leur laissons loisir de faire des découvertes.   

Mercredi matin, à la récré, les enseignants, la direction et nous-même nous rassemblons sur les immenses racines de l’arbre qui trône à l’entrée de l’école (Marie l’appelle l’arbre de vie). La veille, André a eu une brillante idée, celle de présenter un spectacle pour les élèves mettant à l’honneur les talents musicaux de leurs enseignants, et les nôtres. Monsieur Joseph Guy (directeur), Maitres Woutchy, Durinville, ainsi que madame Margali (1eannée) embarquent dans le projet dès le départ; Maitres Lionel, Arnold et Madame Elda (préscolaire) se laissent aisément convaincre de se joindre à nous eux aussi. Un de nos parrainés, Johnly, nous accompagne au tambour. Ne manque de notre chère Annette (directrice adjointe et préscolaire), qui s’occupe de son père malade.

Le spectacle
Les artistes (Léonel, Arnold, Margali, Woutchy, Durinville, André, Joseph Guy...)
 
Devant une foule qui ne sait trop quoi penser (les enfants n’ont jamais assisté à un « spectacle »), un phoque qui s’ennuie de sa blonde chante l’amour sur les champs Élysées; s’il avait des plumes, il compterait jusqu’à sept et partirait pour… Québec! S’ensuit une série de chants haïtiens, donc je ne peux malheureusement pas rapporter les titres. Pour conclure, une touchante chanson de remerciement est entonnée en chœur par les élèves et les enseignants. Comment partir après cela?
C'est épuisant l'école!
 
Pourtant il le faut : d’autres projets nous attendent anba, à Grand Goâve. De retour au bivouac, nous trouvons le village bruyant, presqu’inhospitalier. C’est que les grillons sont ici remplacés par les klaxons des motocyclettes et par les aboiements des chiens. Par contre, nous retrouvons de vrais lits, l’électricité et l’accès à l’eau courante. La douche nous allège de la poussière accumulée lors du voyage de retour  et elle retombe dans nos esprits. Reste un luisant de beaux souvenirs.  

 

Jour 5 (suite): les travaux

Mon dernier souvenir de Laporte remonte au printemps 2010. La vieille église qui abritait les classes était en ruines. Antonio et plusieurs autres compagnons sont retournés depuis, témoignant chaque année de l’avancement des travaux de reconstruction. Cette année marquera le parachèvement de nos efforts.

Comme nous arrivons dimanche midi, les écoliers et la plupart des enseignants sont à la maison. C’est l’occasion de visiter les lieux et faire le constat des plus récents travaux. Le revêtement de l’école-chapelle et du presbytère est terminé. Les chambres pour les enseignants pensionnaires et le bureau de la direction sont également terminés. Devant l’entrée principale, cinq ou six monticules de pierre des champs et de sable annoncent la dernière phase du projet : clocheton et croix de béton, parvis, escalier de béton, clôture pour la cours d’école, mur de soutènement, rénovation de la cuisine et construction d’une remise sécuritaire pour entreposer les chaudrons, la vaisselle et l’outillage des cuisinières.

jeudi 17 janvier 2013

Jour 5, l'Ascension

Dimanche matin, nous partons pour l’École Saint-Joseph de Laporte, l’une des dessertes de Grand Goâve, située en montagne, dans l’arrière-pays. Le séjour durera jusqu’à mercredi.
Un engagement matinal force Antonio et Marie à repousser l’heure du départ; pour sauver du temps et de l’énergie, ils prennent un moto-taxi. La montée est rapide, quoiqu’en disent leur coccyx. André et moi, qui sommes têtes de mule, faisons route à pied chargés comme des mulets. En plus de nos sacs à dos, de nos réserves d’eau et de nos sacs de couchage, André apporte aussi sa guitare.
Il n’y a plus vraiment de route vers Laporte. En premier lieu, il faut remonter le cours de la Grande Ravine. En cette saison, il s’agit de quelques filets d’eau qui rigolent au fond d’une vallée (les montagnes transpirent à petites gouttes, sans plus). En été et en automne, lorsqu’Haïti est balayée par les vents et les pluies, le ruisseau devient un torrent. Près de l’embouchure, le pont de Grand Goâve, en 2005, a déjà été emporté. Cette année, l’ouragan Sandy a épargné le pont, mais renversé la voie naturelle qui permet normalement aux camions de circuler dans le lit de la rivière. Résultat : une longue heure à pérégriner en zigzag parmi les pierres et la poussière blanche. Le soleil plombe : crème solaire et verres fumés sont de mise.

La Grande Ravine
André et 7 kg de guitar...
Le long du chemin, nous rencontrons des femmes qui font la lessive, frottant le linge sur la roche comme nous râpons des carottes. Une marchande de bonbons et de boîtes de conserve s’est installée au milieu de la rivière, sous un auvent pas plus large qu’un parasol. Sur la rive droite, une usine à clairin, tord-boyau haïtien.

 
Ou kap montre nou chemin pou Lapot?
Pour nous sauver du temps, nous acceptons l’aide d’un jeune homme qui marche dans la même direction : il nous sert de guide et s’avère précieux lorsqu’il s’agit de traverser les ruisseaux à gué. Il transporte avec lui un seau vide qui gémit à chaque enjambée. Ce couinement rythme notre avancée, qui se fait autrement dans le silence, pour économiser l’eau et les sujets de conversation.
Arrivé au confluent de la Grande Ravine et de la rivière Corail, notre guide pointe vers le haut. Il nous faut monter. Aucune chance de se perdre, il n’y a qu’un sentier muletier.  Dès lors commence la partie difficile. L’ascension dure un peu plus de deux heures, dont la première se fait presqu’entièrement au soleil. Parfois, quelques jeunes femmes nous narguent, elles qui progressent deux fois plus vite avec de lourdes charges en équilibre sur leur tête. Il ne sert à rien de nous meurtrir l’orgueil, nos pieds le sont suffisamment.

Serpent de sable
 
Les montagnes de pierre brune sont taillées en forme de presse-citrons; la lumière y fait des clairs obscurs. Sur le bord de la falaise poussent des manguiers et des arbustes, mais la végétation est clairsemée, nous offrant une vue à couper le souffle; dommage parce qu’on l’a déjà court. En contrebas se dessine le serpent de sable que nous avons parcouru, au bout duquel on voit la mer. Je marche plus vite qu’André mais je dois faire des haltes pour me calmer la chamade. André, qui revient d’un voyage au Népal, marche lentement mais sûrement. Au trois quart du chemin, nous entendons le vrombissement de motos. Antonio, Marie et Fritz nous rattrapent et nous dépassent, nous allégeant un peu au passage et nous fournissant une bouteille d’eau de plus.


Parfois ça descent...
...mais plus souvent ça monte!
Le seuil de Laporte
 
Le plus haut point du sentier est flanqué par deux buttes, ce qui lui donne la forme d’une selle et lui vaut le nom Dos d’Âne. Avant de passer le col, André et moi faisons un petit détour vers une chapelle où une soixantaine de villageois sont rassemblés. Nous les avons entendus de loin : ils chantent et dansent comme endiablés pour célébrer la gloire de Dieu. Spectacle émouvant qui nous remplit d’énergie.
Quelques vingt minutes plus tard, nous apercevons l’école-chapelle St-Joseph. Antonio, Marie et tout un attroupement nous attendent au seuil. La porte grande ouverte.

École Saint-Joseph
 
 

samedi 12 janvier 2013

Jours 3 et 4

Il y a à peu près un an, André, Marie et Louis ont entrepris le projet ambitieux de récolter les fonds nécessaires à la construction de kay (maisonnettes) pour quelques familles pauvrissimes comprenant un ou plusieurs de nos parrainés. L’idée était de dresser une liste de priorités (procédé déchirant, un peu comme établir une liste de dons d’organe), et de voir jusqu’où la générosité des donateurs nous porterait. Vous verrez qu’elle nous a portés loin.

 Il fallait aussi créer des plans et devis et confier les chantiers à des gens de confiance, ce qui fut fait. (Antonio a le don de s’entourer de gens fiables; lui, dirait que c’est le fruit de l’expérience). À cette heure, les familles Badio et Samedi ont déjà leur maison, et en sont très reconnaissants. La construction de la kay Joseph devrait débuter aussitôt que la route menant au terrain sera praticable (l’ouragan Sandy a fait beaucoup de dégâts), la kay Magnel lorsque le choix du terrain sera confirmé. Quant à celle des Laguerre, elle sera terminée d’ici trois semaines. André et Marie participent déjà aux  « fouilles », c’est-à-dire au travail de fondation. Le terme est approprié : André me raconte qu’il a trouvé des objets enfouis jusqu'à trois pieds sous terre – culotte, canif, jouet, déchets. Les villes s’enfoncent au fil des siècles, vous diront les archéologues. Nul besoin d’attendre si longtemps dans un pays ou la terre est friable et les glissements de terrains fréquents.

Kay Samedi
 










Famille Samedi (avec André, Antonio, Marie et Fritz à droite)

















Famille Badio (avec Antonio)





















Marie et André seront mieux placés que moi pour relater l’évolution du chantier, mais en voici quelques impressions, fraiches de la veille.
Le 11 janvier, nous nous sommes réveillés avec le soleil. La température est agréable avec le vent. Après un copieux déjeuner de fruits frais et de toasts au beurre d’arachide, nous partons à l’encontre de Fritz, notre contremaitre, qui nous conduit jusqu’au terrain de la famille Laguerre. Il faut pour ce faire emprunter le chemin qui mène anwo, vers l’École Papatanm et les montagnes. Juché sur une petite corniche cerclée d’arbres à puce (ce n’est pas leur nom, mais ils causent des démangeaisons au contact), le petit lopin de terre a une vue imprenable sur la ravine et la mer. Nous avons confiance en Fritz et en son assistant Habilhomme Tipapa qui croient le projet réalisable dans les temps.


Terrain des Laguerre
 












Famille Laguerre
 (Jean Claudy, Maudeline, Clyvens, Maude,
 Jean-Claude, Dickens et Stefanie)






















Maigichon au grand sourire, Jean-Claude Laguerre, qui porte très mal son patronyme, nous accueille chaleureusement avec son épouse Maude et ses enfants Stefanie, Clyvens, Maudeline, Jean-Claudy et le petit Dickens. Jean-Claude aura cinquante ans cette année, la maison sera son cadeau de fête. Homme simple et travaillant, il fait partie de la main d’œuvre qui s’affaire à l’aplanissement du terrain, à la montée des matériaux et de l’eau sur le chemin escarpé. Son gagne-pain principal : boss balais: il les tresse en utilisant ses orteils, ce qui lui vaut des pieds croches. C’est une déformation professionnelle, qui ne lui rapporte presque rien. Maude vend du charbon de bois, pas de quoi arrondir la fin du mois, ni celle de la semaine en fait.
*
Après la visite chez les Laguerre, nous divisons l’équipe. Antonio et moi partons faire la tournée des classes à l’École Maranatha. Chansons à répondre et rires au menu, en plus d’une assiette bien remplie pour les élèves. Les enfants n’ont pas l’habitude d’être divertis par leurs enseignants. Après quelques hésitations, la glace est brisée (la couche n’est pas épaisse, même en hiver). Ils s’esclaffent à la moindre de nos pitreries. Satisfait de notre numéro, nous allons passer une heure à la plage en fin d’après-midi. Tandis que nous décompressons dans l’eau salée, André et Marie reviennent du chantier, épuisés mais radieux. Le travail va bon train, l’équipe est harmonieuse. Nous nous racontons notre journée autour d’un bon repas de riz et de boulettes de pain de viande.
*
Aujourd’hui, samedi le 12 janvier, est une journée de préparatifs. Demain, nous partons en expédition jusqu’au hameau de Laporte, à trois heures d’ici en montagne. Nous y resterons jusqu'à mercredi midi, logeant dans les chambres du presbytère récemment reconstruit par l’Équipe. La finition de l’école St-Joseph est presque terminée. Antonio y va pour constater, mais aussi dans l’optique de futurs projets de construction. Nous apportons également quatre bacs de livres et de jouets qui serviront dans les classes et pour le préscolaire. Mon objectif personnel sera d’animer le plus grand nombre d’enfants possible durant le séjour. Marie se chargera de bricolages, alors qu’André et Antonio apporteront du support pédagogique dans les classes.
Pas d’électricité à Laporte, donc pas d’ordinateur et pas d’internet. Je vous redonne des nouvelles mercredi, promis!
J.O.R.
PS : J’ai ajouté des photos pour illustrer les textes précédents; j’en ajouterai d’autres de temps en temps, mais comme la connexion Internet est lente, j’accuserai souvent du retard. Feuilletez à rebours de temps à autres, ça vaut la peine.
 

jeudi 10 janvier 2013

Jour 1 et 2 : Un départ à la cocorico!

Si je devais peindre Port-au-Prince, j’aurais besoin une très grande toile. J’y appliquerais une couche de fond noire – noire, pas pour la peau, pas pour la misère, mais pour les contrastes, pour accentuer les couleurs. Et quelles couleurs! Depuis le siège de passager avant de notre taxi, la ville m’apparaît belle dans son capharnaüm. Avec le coucher du soleil, elle apparait comme un gigantesque bouquet de briques, de ferrailles, de déchets,  de volailles, de mangues, de camions peints, de foulards, d’odeurs, de bruits, de vie.
J-O : On n’a pas assez d’yeux pour tout voir!
Antonio : Ben, arrête de me regarder, regarde la route!
Je me retourne en riant, pas tant parce qu’Antonio fait son comique (faut pas trop l’encourager) que parce que je suis heureux de retrouver Haïti. Port-au-Prince s’est transformé depuis 2010, et en bien; d’après les autres compagnons, le changement est même frappant depuis l’an passé. Les médias diront bien ce qu’ils voudront, les dons gouvernementaux et les investissements étrangers portent fruits. Salomon, notre chauffeur, se taille un chemin à coup de parechoc dans les rues bondées, mais la route principale est neuve et droite. Il y a des poules partout sur l’asphalte, mais pas de nids.

 













Notre voyage se déroule sans encombre depuis le départ. Le personnel de l’aéroport de Montréal s’est montré d’une grande courtoisie malgré les complications que représentaient nos vélos (trop gros pour le scanneur) et la vieille lampe à l’huile de ma mère (cadeau pour  l’école Saint-Joseph). Avis à tous : S’il vous prend l’envie de vous éclairer à l’huile en voyage, assurez-vous qu’elle ne sente pas. Heureusement pour nous, le dernier usage datait de la crise du verglas...

 

 
Après un vol sans turbulence, nous avons découvert un aéroport rénové, propre, et efficace: une plaisante surprise. Plutôt que de nous battre pour trouver nos valises dans une pile, nous nous entassons contre le  tourniquet à bagages et récupérons tous les morceaux. La guitare d’André est saine et sauve. Nous aurons droit à un petit spectacle le soir même.




Voyager en Haïti comporte toujours des imprévus, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Nous n’arrêtons pas à l’épicerie finalement, parce que Salomon oublie notre requête et passe tout droit. Tant pis, on se contentera de nos réserves, de pain tranché acheté à la station-service et d’une bouteille de vin (un must en cas d’imprévu!). Parce que la route est barrée pour la nuit au-devant de Grand Goâve, nous devons aussi nous improviser un campement. Nous contactons sœur Véronique Rose, directrice de l’école Notre-Dame-Marie, qui demande au gardien de nous ouvrir le portail, où nous trouvons une classe vide pour établir notre campement. À l’exception de la douche, que nous reportons au lendemain, on s’y retrouve au chaud, à la lumière, dans un quasi confort. Avant d’aller dormir, on soupe (sandwichs de saumon en canne et beurre d’arachide, fromage, vin rouge, une mangue), on se rafraîchit sous la voie lactée, Vénus, et les autres, André chante Plume Latraverse, les chiens de Petit-Paradis font bark vocals.
 













 
Nuit sans moustiques et peu de ronflements. Les coqs chantent sans arrêt, évidemment, un peu comme des enfants dans une balade en voiture. L’ennemi numéro un de l’humanitaire, c’est sans contredit le réveille-matin à crête.
 
Félix vient nous retrouver à l’école tôt le matin. Antonio est déjà debout, en train d’écrire. C’est l’heure du branle-bas de combat, on déménage en tap-tap. Le temps que Marie s’étire et qu’André se décrasse les yeux. Antonio, Félix et le gardien ont déjà attaché les vélos sur le toit du véhicule et transféré la moitié des valises. En quinze minutes, nous sommes en route.

 
Programme chargé en ce 10 janvier. Après l’installation au bivouac chez Félix, rencontre avec le directeur et les professeurs de l’École Maranatha à 10h, tour des classes à l’École Saint-François à 11h, réunion avec le contremaître Fritz concernant les travaux effectués à l’école Saint-Joseph 14h, visites des deux maisonnettes Badio et Samedi bâties cet hiver et planification des deux prochaines constructions. La journée passe vite, le soleil est déjà couché depuis longtemps à l’heure où j’écris ces lignes.

 
 

mardi 8 janvier 2013

La longue veillée

Tout est prêt, il ne reste plus qu'à partir. Le réveil est prévu pour 5h; il est déjà passé 21h, impossible de fermer l'oeil. Me trottent en tête et la liste des choses à ne pas oublier, et celle (plus longue) des choses qu'il me vaudrait mieux oublier. Cette nuit, mwen pral conte mouton... 

Nous partons de l'aéroport Pierre-Elliot Trudeau à bord du vol TS-664, avec Air Transat. Décollage: 10h. Atterrissage: milieu d'après-midi. Nous arriverons à Port-au-Prince, où un camion nous attendra pour nous transporter, nous et notre montagne de valises, jusqu'à Grand Goâve. Nous arrêterons en chemin a l'épicerie pour faire le plein de vivres et d'eau. Si tout va comme prévu, nous serons au bivouac un peu avant l'heure du souper!

Félix et sa famille nous accueilleront les bras grands ouverts, suivis de près par Morphée. 

Le travail commence le 10 janvier. A bientôt!

J.O.R.
 


dimanche 6 janvier 2013

Le baluchon de la caboche


Bonswa mezanmni,

Les valises, ce n'est pas tout. Il faut aussi empaqueter dans la tête. Aujourd’hui est une journée d’étude. Ça fait depuis avril 2010 que je n’ai pas parlé créole. Mes mots sont éparpillés, il me faut y mettre de l'ordre.  

Pour le vocabulaire, ça ira. Il s’agit de mémoriser quelques règles d’évolution phonologique et quelques mots d’usage courant et le tour est joué, ou presque. La grammaire haïtienne, dont l’origine et la structure est africaine, est plus déroutante. Bien que simple en apparence, elle a ses subtilités. Par experience, je sais qu’il sera plus facile de construire des phrases et de me faire comprendre (au risque de parler comme un Bécherelle) que de comprendre mes interlocuteurs. Les contractions, le rythme, les accents régionaux m’échapperont. Enfin, on finit toujours par se comprendre. 

Il n’y a pas que ma langue que je dois dégourdir. Ça fait aussi longtemps que j’ai animé des groupes d’enfants. Les jeux simples, sans matériel, qui servent à remplir les temps morts -- ces jeux que je pouvais naguère éternuer sur commande -- sont loin dans ma mémoire. Je suis donc aller à la banque -- la banque de jeux -- pour effectuer un retrait. Merci Google.

(À mes anciens collègues des camps de jour de St-Bruno: si vous avez des suggestions simples, autres que les classiques, suggérez!) 

On a different note, I would like to emphasize that, for all that preparation, playing with Haitian kids is in fact easy, and a delight. No need to reinvent the wheel... and then to square it! No need for fancy material, elaborate scenarios, long-term goals and gummy bear rewards. Unlike camp counselors working in first-world countries, in Haiti one does not have to exceed the expectations of jaded, have-seen-it-all children (or worse... the expectations of their parents). There are no expectations. Everything is a discovery. My goal is to show them games that require no material, so that they may repeat them when I am gone. Exception made for soccer balls, elastics, and jumping ropes (and these tend to disappear or break quickly), best to show them how to play with their their hands, their feet, and their heads.   


vendredi 4 janvier 2013

Journal de Bord 2013


Grand départ pour Grand Goâve: 9 janvier 2013. Ne reste plus que six dodos, l’espèce est en voie de disparition. 

Adrénaline et Novo-Chloroquine dans le sang, je fais mes valises et passe leur contenu en revue. En incluant le sac à dos, ça fera un total de 60 kg, dont 45 destinés aux écoles (jouets, livres, materiel scolaire) et 15 au bivouac de l'équipe (effets personnels, médicaments et viande séchée). Je pèse moins que mes bagages, ce qui fait de moi une grosse fourmi.

À cette heure, Antonio, Marie et André en sont également aux préparatifs. Louis nous a aussi saranwrappé des bicyclettes -- notre mode de transport de prédilection en Haïti -- que nous laisserons derrière nous à notre retour. Nous partons  quatre, une première vague de coopérants pour l’année 2013, qui prendra de l'ampleur au fil des semaines. Notre briefing préparatoire, et pour certains d’entre nous, nos premières serrées de mains, auront lieu la veille de l'envolée.

Jusqu’au 23 du mois, je mettrai le blog à jour aussi souvent que la connection Internet de notre agent Félix le permettra. J’assumerai la premiere personne, mais sans doute jouerons-nous du clavier à quatre, six ou huits mains. Je poursuivrai ensuite le travail à distance, vous relayant, chers lecteurs, les péripéties de ceux et celles qui demeureront sur l’île plus longtemps. 

For those of you following us from the English-speaking parts of Canada, the USA and other regions of the world, I apologize in advance if I fail to report in English as assiduously as I should (although I won’t apologize to my colleagues of the Johns Hopkins French reading group, who I’m sure will take this as an opportunity to brush up their translation skills!). If time and stamina allow, I’ll keep Shakespeare posted!

Voilà pour la préface. En espérant que vous preniez plaisir à nous suivre, je vous souhaite la bienvenue à bord du journal 2013! 

Jean-Olivier Richard