vendredi 8 février 2013

La vélodérision

Il faut comprendre, d’abord, qu’Antonio en a beaucoup en tête. En tant que chef d’équipe, il a la responsabilité de voir à ce que tous les projets aillent de l’avant, ce qui veut dire beaucoup de gestion dans des délais très courts. Comme un champion d’échecs (de réussites, aussi), Antonio pense plusieurs coups d’avance... mais pas toujours au moment présent. 

Ensuite, il y a l’insomnie. Antonio dort mal en Haïti. Lorsque le manque de sommeil devient critique, il n’a d’autre choix que d’avoir recours aux somnifères. Merveilleux au petites heures du matin, ils ont cependant la fâcheuse tendance à engourdir, disons jusqu’aux moyennes heures...

Agenda bourré et somnifères font mauvais ménage. Enfin, c’est une question de perspective. D’un naturel distrait, Antonio devient alors fort distrayant pour le reste de l’équipe. Au fil des jours, nous colligeons les anecdotes cocasses. J’en partage une aujourd’hui. 

Nous avons tous rendez-vous au centre communautaire Marie-Cécile, où André donne un cours d’ébénisterie à un groupe de parrainés. Antonio nous rejoint sur le tard. Il arrive en vélo (un bon vélo, pour son vieux dos) qu’il stationne avec les nôtres devant l’entrée du centre. L’activité se déroule sans encoche, sans doigt coupés; Marie et moi quittons bientôt l’atelier. André est le dernier à partir. Antonio disparaît quelque part entre les deux. 

En fin de journée, de nouveau tous réunis, Antonio nous raconte comment le chemin du retour a été pénible: 

« Figurez-vous, mes deux pneus étaient crevés! J’ai dû marcher tout le chemin à côté de ma bécane, en me demandant comment c’était possible. Je comprends pas!  » 

Un rapide interrogatoire et nous trouvons réponse à l’énigme. 

« Antonio... c’est pas ton vélo... »

Au lieu d’enfourcher le vélo qu’il a lui-même garé à la vue de tous, immanquable à la sortie du centre, il va consciencieusement chercher sa monture à l’intérieur du bâtiment, dans une remise de vélos brisés, en choisit un d’une taille et d’une couleur differente du sien, qui a de surcroît deux pneus dégonflés! C’est trop drôle pour être vrai...

Il faut comprendre qu’Antonio en a beaucoup en tête. 
Mais ce soir là, on se la paye un peu... 

/J.O.R.

P.S.: Merci Antonio de nous avoir fait tant rire!

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