dimanche 20 janvier 2013

Jours 9, 10, 11: Papiers, Roches, Scies

Voici une adaptation d'un témoignage d'André, qui a pris mon relais sur le clavier ces derniers jours.
 
« Ça fait maintenant un peu plus d’une semaine qu’on est arrivé et chacun de nous a vraiment l’impression d'être ici depuis plus de 2 semaines, tellement les journées sont remplies.
 
Jeudi fut particulièrement chargée, tant sur le plan physique qu’émotionnel, au point que j’ai eu le feeling de faire deux journées dans une. En matinée, on a rencontré Magnel, un handicapé en chaise roulante pour discuter avec lui du déménagement de sa petite maison en bois, bâtie par l'organisme Handicap International, mais sur un terrain prêté, le temps qu’il se trouve et achète un terrain à lui (c'est parfois compliqué ici la manière de faire). Malheureusement cet emplacement provisoire n’était pas du tout approprié pour Magnel avec son handicap et il vit présentement dans une tente de fortune chez un ami, séparé de sa femme et ses enfants qui vivent temporairement dans leur famille, à l’extérieur de Grand Goâve. Comme ce type de construction en bois ne dure en moyenne que 5 ans à cause du climat, on avait envisagé de lui bâtir une maison en béton comme nos autres kayes, au lieu de payer pour déménager sa maison en bois. Mais une autre option s’offrait à nous, celle d’acheter une maison existante en béton. Après analyse, on opte pour cette dernière solution. Il fallait être là pour le vivre et voir le sourire illuminer le visage de Magnel quand on lui a annoncé qu’il aurait enfin sa maison et que très bientôt sa femme et ses enfants pourraient revenir vivre avec lui. Ce fut un moment très émouvant. Précisons que Magnel est très pauvre car il n’arrive pas à trouver du travail avec son handicap.

Ensuite, je retourne travailler en après-midi sur le chantier de la maison des Laguerre. On a reçu un 2e camion de grosses pierres (grosseur ballons de soccer en moyenne), mais cette fois le camion n’a pas pu approcher autant le site à cause de travaux sur la route. Il faut donc d’abord transporter les pierres une par une dans nos bras ou sur la tête (certains en transportent plusieurs dans une chaudière sur leur épaule), le long d'une pente abrupte, pour les transporter ensuite jusqu’au chantier à l’aide d’une brouette, en empruntant un petit sentier qui se nomme, soit dit en passant, Impasse André! Un trajet total d’environ un demi kilomètre. On doit même enjamber un fossé avant d’atteindre les brouettes. C’est un travail titanesque et inimaginable que de transporter tout ce tas de pierres (un camion entier), mais il n’y a pas d’autre solution. Même madame Laguerre transporte nu pied d’énormes pierres (le double ou même parfois le triple d’un ballon de soccer), sur sa tête et en équilibre SVP, sans l'aide de ses mains. Quelques jeunes enfants participent également au transport des pierres.
 
 Il faudra 2 jours complets pour tout transporter. Je participe seulement une heure le premier jour, mais vendredi Jean-Olivier, Marie et moi on bosse avec les Laguerre et leurs amis pendant plus de 3 ½ heures non-stop, par une chaleur torride et sous un soleil de plomb. La journée terminée, je vais me saucer dans la mer, un court moment de détente bien mérité. En prime, il y a même une poule sur la plage. On n’est vraiment pas dans un resort pour touristes ici, quoi que la plage et la mer soient magnifiques. Pour terminer je rend visite quelques minutes à la mère de notre jeune parainné qui habite non loin de la plage. Bref, les journées sont vraiment bien remplies ici.

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Afin d'obtenir du petit concassé pour ajouter au mélange du ciment, les gens achètent souvent des pierres plus grosses et les cassent une à une en petits morceaux, à l’aide d’un marteau. Certains Haïtiens font ce travail à longueur de journée. On croirait les Daltons au pénitencier.

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Samedi matin je donne mon premier cours d’ébénisterie à 7 garçons de 5e et 6eannée. Le projet, qui prendra 3 demi-journées, consiste à réaliser un petit coffre en bois, pour lequel j’ai dû apporter tous le bois du Québec. Le cours s’est très bien déroulé, mais ce fut un peu plus difficile que prévu, car je n’ai pas vraiment l’expérience de montrer des travaux manuels à tout un groupe de jeunes. Ce serait plus facile et efficace de les prendre un par un. Mais l’expérience est tout de même très enrichissante et les jeunes ont bien aimé l'activité. »
 
-- André
 
J.O.R.

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