vendredi 30 mars 2012

Vu d'en haut...

Du haut de mon perchoir électronique, j’observe depuis quelques semaines le travail d’équipe de mes collègues et amis. J’en rapporte des bribes, prises sur le vif, je reprise des morceaux de courriels, j’essaie de mettre de l’ordre dans une longue succession de messages qui s’entrecroisent, s’entrecoupent, s’empilent; j’avoue ne pas toujours m’y retrouver; c’est le désavantage de se tenir en retrait. La vue d’ensemble qu’on y gagne, cependant, vaut bien le flou dans les details. 
On parle toujours de maison, de devis, de coûts, d’échéanciers. On évalue, on blague, on s’écoute, on argumente, on consulte l’Europe, on consulte Haiti surtout -- c’est primordial d’imaginer la reconstruction d'un pays avec ses habitants. Tout un pan de l’Équipe travaille donc d’arrache-pied, à l’interne comme avec nos intervenants de Grand Goave, afin de creuser de nouveaux chantiers. 

Dans la mesure de nos ressources financières, une nouvelle série de cayes de beton, design maison, voira bientôt le jour. L’objectif, comme toujours: combler les besoins de quelques familles haïtiennes, choisies sur la base de leur extreme pauvreté.
Vu d’en haut, humble effort de fourmis; mais a l’echelle humaine, un formidable travail qui changera des vies.

/J.O.R.

lundi 19 mars 2012

Ingénieur sous écoute, la suite

Voici quelques extraits de conversation faisant suite a la publication précédente. D'abord la réponse de Louis, puis la re-réponse d'André. Rappelons que Louis et André élaborent un nouveau modèle de maison pour les construction futures d'Equipe Antonio. 

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Salut André,

La table de portance à laquelle tu te réfères établit la force requise d'un étage pleine hauteur, meublé et
habité chez nous. Je ne crois pas qu'il faille appliquer à la lettre de telles normes à Grand-Goaves. A la
limite, il est possible de remplacer le 2X4 par du 2X6 (beaucoup de chalets sont construits de cette façon
et je n'ai jamais entendu parler d'effondrement)
 
Pour le revêtement du plancher, j'utiliserais de la planche plutôt que du plywood.
 
La deuxième objection me semble plus sérieuse. On peut proposer des améliorations mais on ne doit pas
forcer ou manipulaer qui que ce soit pour arriver à ses fins. Après le séisme, le monde a eu peur des
constructions en ciment et Maryse s'est rendue à leur désir en leur construisant des maisons en bois. Je
demeure convaincu que ce n'est pas le matériau idéal et que le béton est plus durable. Cependant, on ne 
doit forcer personne à partager cette conviction. Convaincre, oui, forcer, non.
 
Ne crois-tu pas que le meilleur moyen de savoir vraiment, c'est d'en discuter avec les vrais intéressés ?
 
Louis

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Allo Louis,
 
Merci pour tes commentaires et en fait je suis d'accord avec toi. Je sais que la table à laquelle je réfère est trop exigeante pour juste quelques couchettes et 1 sac de riz ou autre. C'est juste que je trouvais la portée du tableau à 7.5pi un peu loin de notre 11pi de portance requise entre les 2 poutres de béton. Des solives en 2 x 4 (même brut) c'est plus rare, j'ai vu plutôt en 2 X 6 au minimum. Je vais revoir la différence. Je prévois finaliser la liste révisée des matériaux cette semaine et je vous l'enverrai. Marie, j'aurai avec une première ébauche d'un document présentant le projet avec des photos et croquis, ça nous fera une bonne base je crois pour bâtir notre document de demande de fonds.
 
Louis, je suis aussi d'accord avec toi en ce qui a trait à l'ajout d'un grenier habitable, ce sera bien sûr aux familles haïtienne à décider s'ils en veulent un (ça ne change rien pour nous). Pour celles qui n'en voudraient pas, alors on fera un toit simple, en triangle, avec une pente entre 2/12 et 4/12.  En passant, quelle pente de toit avais-tu pour les 3 cayes au-dessus de chez Félix ?.
 
Pour ce qui est du revêtement du plancher du grenier, ok avec moi pour utiliser de la planche plutôt que du plywood. Mais aurais-tu un estimé de prix pour une planche de 1 po X 3 po X 16 pi (servira aussi pour le lattage transversal aux chevrons), ça m'aiderait à finir l'estimé révisé du prix total. Tu m'as dit qu'un 2 po X 4 po brut de 16 pi coûte environ 100 $ à 120 $ haïtien, donc une plance de 1 po X 3 po devrait coûter autour de 38 $ à 45 $ haïtien je crois ? À ce prix estimé, une surface de 4 pi X 8 pi en planche couterait environ 336 $ haïtien ou 42 $US, or tu disais qu'une feuille de contreplaqué couterait environ 25 $US ?
 
Merci encore, on y est presque....
 
André

/ J.O.R.

dimanche 18 mars 2012

Ingenieur sous écoute...

Curieux que nous sommes d'en savoir plus sur l'état des recherches techniques pour dessiner la caye idéale au moindre coût (voir message précédant), l'équipe-antonio a mis le téléphone d'André sous écoute, et un mouchard dans sa boite de courriels. Le message suivant, dans lequel notre ingénieur préféré révèle ses plans a son complice Louis a été intercepté le 17 Mars 2012 a 17:57:09. 

Allo Louis,

J'en suis à mettre au propre les détails techniques de la caye type.

En plaçant 6 chevrons (trust) aux 38po centre à centre ( 5 x 38po + 2po = 16pi = longeur prévue pour la caye ) et en intercalant un 2 x 4 entre 2 chevrons (solives de plancher du 2e étage), ça nous donne un 2 x 4 aux 19po centre à centre.
 
Note, 6 solives placées aux 19po centre à centre = 95 po (ok, un peu moins qu'une feuille de 4pi x 8pi), mais ça fait bizarre de placer un mcx aux 19po versus les feuille de plywood de 4pi X 8pi, si c'est ce qu'on prendrait pour faire le recouvrement de plancher du 2e étage ?
 
Selon les tables de portance de solives de plancher (pour une chambre sous toit et accessible par une échelle) et en majorant un vrai 4po brut au lieu d'un 3.5po plané, j'obtiend une portée autour de 7.5pi, ce qui est un peu loin de notre 11pi de portance requise entre les 2 poutres de béton (largeur de caye = 12pi, en enlevant 2 x 6po ou 2 x 8po = environ 11pi de portance).
 
Idée : ajouter 5 solives de plus = 2 mcx de 2 x 4 entre 2 chevrons au lieu d'un seul = un 2 x 4 aux 12po environ, ce qui donne une portance autour de 9pi, toujours en deça de 11pi mais seulement pour coucher des gens et stocker un peu de bouffe j'imagine
= extra autour de 75 $US
 
Qu'en penses-tu ?
 
-- André
 
On constate que le tout en langage codé. Soyez sans crainte, notre département de décryptage se met déjà au travail...  

/ J.O.R. 

lundi 12 mars 2012

Bricoleurs a l’oeuvre

Un petit mot pour souligner le travail d’André et de Louis, qui se sont réunis le 9 mars dernier dans le but d’analyser et de revoir le design des cayes qu'Équipe-Antonio projette de construire dans un avenir rapproché. La rencontre s’est avérée très productive et très intéressante. Voici ce qu’André nous rapporte: 
« Au départ, Louis et moi, on voyait le même concept pour la structure et la solidité, à savoir assise en béton armé, colonnes en béton armé et ceinture en haut, elle aussi en béton armé. Puis Louis m'a présenté son concept amélioré pour la toiture qui nous donnerait en fait un 2e étage plain pied pour coucher les gens. Louis a même pris le temps de coller une petite maquette en bois pour expliquer clairement son concept de mezanine. » (Aura-t-on droit a une photo?)
Nos bricoleurs ont par la suite survolé la liste des matériaux requis pour estimer le prix final. En se basant sur le modèle Kay Bob et en tenant compte des idées de Louis, ils espèrent concevoir des maisons améliorées, et ce, à moindres coûts. 

Les prochaines étapes, toujours selon André:
  1. Réviser le devis (liste des matériaux) pour réfléter le concept final de Louis et refaire les calculs.
  2. Revérifier que le nouveau devis est complet. 
  3. Nous présenter les documents, contacter M. Fritz pour lui présenter le tout et poser quelques questions pour confirmer certaines des hypothèses. 
« Une fois le tout complété, poursuit-il, on aura le prix final par maison. Je pourrai enfin dessiner certains croquis et sélectioner certaines photos pour appuyer le devis. De là on aura un dossier complet et on pourra attaquer le financement.»
Pour le financement des cayes, on parle d’organiser une eventuelle vente de garage (détails à venir, le cas échéant). Marie travaille de son côté depuis la Suisse. 
« Qui sait, si les étoiles et les dieux sont de notre bord, avec les efforts de Marie en Suisse et des Québécois ici, on pourra peut-être amasser assez d'argent pour les 3 à 6 cayes ciblées? »
L’optimisme est bien en soit; mais il est d’autant plus précieux lorsque doublé, comme c’est le cas ici, d’initiative et d’efficacité! Nos projets sont entre de bonnes mains.
/J.O.R.

mardi 6 mars 2012

Rencontre des Mousquetons

Le 1er mars dernier, Antonio, Dung, Louis, Robert, André - cinq des mousquetons - se rencontrent à St-Hilaire autour de cafés et thés chauds et de pâtisseries; avec eux en pensées, Élisabeth, Marie, Alexandra et Jean-Olivier, qui habitent loin sur la mappemonde, mais très près dans la cybertoile. L’objectif: se revoir bien sûr, mais aussi faire des mise au point sur le travail effectué et à effectuer cette année. À l'agenda, retour sur 2011-12, budget, retour sur les l'écoles et les parrainés, planification du journal, et surtout, de nouveaux projets. Parmi ceux-ci, on compte:
  • le soutien financier à l'orphelinat Sant'Egidio de Port-au-Prince, tenu à bout de bras mais brillamment par les soeurs Notre-Dame-Marie, une communauté haïtienne.
  • la construction d'une caye pour une famille de parrainés logeant présentement sous une tente percée. Famille d'Yves Laporte, 6 enfants, père paralysé depuis le séisme, don de 1 000 USD pour la construction entreprise par le père Kenel Verna, clerc de Saint-Viateur; famille de Freda: 2 enfants, déménagement d'une caye construite par une ONG sur un terrain ne lui appartemnant pas et menacée d'éviction; construction d'yne kay pour 3 familles: Numa, 10 enfants, dont l'aînée est lourdement handicapée; Joseph, monoparentale, 2 enfants; Laguerre, 5 enfants.
  • le soutien financier à la mise en branle d'une conserverie de fruits pour travailleurs handicapés.
  • le soutien en outillage pour l'école de carrelage d'Olriche Tataille (voir article plus bas sur le blogue).

Le tout implique la recherche de support financier, autre point important à l'agenda...

Nous avons évidemment discuter de nos stratégies pour améliorer la pédagogie dans les écoles - notre cheval de bataille principalComme vous le savez, nous sommes présentement actifs dans cinq d'entre elles: Papatanm, Saint-Joseph, Maranatha, Notre-Dame-Marie, Saint-François.

Finalement, des points particuliers à propos de nouveaux et d'anciens parrainés; tandis que certain viennent tout juste de trouver un  parrain, une marraine, d'autres amorceront bientôt des études supérieures grâce à vos dons. A ce titre, nous sommes particulièrement fiers d'Islande Célisca (techniques infirmières), dont les efforts rapporteront à sa communauté.  

Tout n'est pas que bonnes nouvelles. Faute de moyens, ils nous faut faire des choix; ainsi quelques demandes d'aide sont refusées (écoles Mont-Carmel et Sosthènes Célestin, par exemple).

Chacun repart de notre rencontre avec de la caféine dans le sang, de l'énergie au coeur et du travail dans la mallette: tous, écriture et réécriture de textes pour le journal; André: construction de 2 à 3 cayes à discuter avec Marie, ainsi que recherche de financement; Dung: invitation aux Mousquetons de 2011 et 2012 pour un repas à Waterloo; Louis, réflexion sur un protoype de caye et étude de diminution de coût du devis rédigé par Fritz, notamment sur la ferraille; Robert, recherche de financement pour les opérations courantes de l'école Saint-Joseph et pour la conserverie de l'ASHAGG, et recherche d'une génératrice et d'outils pour Olriche, etc., etc., etc.

Au fil des ans, l'équipe se transforme, la chaîne s’agrandit, les liens se resserrent entre les maillons. Bravo à toute l'équipe. Merci à vous, généreux donateurs!

-- Equipe Antonio

/J.O.R.

lundi 5 mars 2012

La famille Laguerre (récit de voyage, suite)

Stéphanie a 12 ans. Elle est l’aînée d’une fratrie de cinq enfants et la seule à fréquenter l’école, faute d’argent. Les parents nous accueillent souriants, les bras ouverts. Jean-Claude, mi-trentaine, cesse le tressage de ses feuilles de jonc (il est boss-balai), pour nous accueillir. La famille est unie et heureuse. Les enfants, magnifiques! La famille s’abrite sous une tente usée La tente? Une étuve!.

La petite Maudeline, quatre ans rayonne comme le soleil du Midi. Elle sera parrainée. Je vérifie son acte d’état civil. Clyvens, son frère a huit ans. Ne pipe mot. Il regarde en silence l’attention portée à sa petite sœur. Marie est touchée. Du coup elle décide de l’inclure dans le programme de parrainage. La donatrice, désirait une petite fille; Marie lui expliquera. Un billet gagnant!

En quittant, Stéphanie me donne la main et me reconduit jusqu’à la route. Puis la candeur me regarde : « Mèt Antonio, supplie la petite voix timide, j’ai besoin d’une maison ». Il y a des moments où le cœur commande les larmes; les miennes étaient aussi sèches que mon portefeuille.

-- Antonio

/J.O.R.