dimanche 12 février 2012

Le coopérant

Le mardi 7 février 2012,

Depuis mes premières heures d’enseignement, en 1970, je crois à la joie : l’humain apprend aisément lorsque son cœur bat en harmonie avec le bien-être de son corps. Dès lors, malgré les efforts intenses déployés par l’alpiniste, le plaisir nourrira sa quête de l’ultime ascension.

Aujourd’hui, je m’abreuve à la même philosophie : la bonne humeur ravitaille l’élan du coopérant. Le travail en Haïti n’est pas facile. D’abord, on délaisse pour un certain temps sa femme, ses enfants, ses amis, son travail, notre confort si agréable. Puis on s’adapte à la douche froide; à la chaleur accablante; aux colonies de fourmis qui déambulent partout, partout sur le comptoir, dans les armoires, sur l’écran de mon portable; à la souris qui trotte sous le lit la nuit (et qui a percé un trou dans le sac à dos d’André). Enfin, le coopérant côtoie la misère la plus abjecte : le ventre creux de l’enfant; le désespoir du père et de la mère impuissants à soulager la faim de ses petits et d’acheter le médicament qui soulagera sa fièvre.

Dans ces conditions, comment garder le moral pour faire de son mieux, être efficace? Par l’action dans le plaisir. J’adore enseigner : alors, j’utilise une craie; Louis prendra le marteau; André, l’égoïne et sa guitare; Dung, son oreille et sa parole; et Marie, son cœur. Ainsi, formons-nous une équipe diverse, nous conjuguant aux forces et à l’appui des camarades, chacun mû par la passion qui lui est propre. Ainsi œuvrons-nous dans la joie.

En 2010, au lendemain de l’horreur, le Tabouret à trois pattes : Émilie, Antonio et Jean-Olivier. En 2011, les cinq Mousquetons : Alexandra, Antonio, Dung, Louis et Robert; puis ma fille Élisabeth. En 2012, les cinq Doigts de la main : Marie, André, Antonio, Dung et Louis.

Aujourd’hui, Équipe-Antonio est fière de son travail. Accompli grâce à vous, chers donateurs, sans qui notre main serait aussi vide qu’inutile.

-- Antonio

/J.O.R.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire