jeudi 23 juin 2011

L'École Maranatha (suite du journal de bord)

L’argent de l’an dernier était prévu pour l’agrandissement d’une classe. À cause du tremblement de terre, on a construit des locaux temporaires. Des classes de plus de 60 élèves qui se côtoient. Malgré le vacarme, on apprend les divisions à deux chiffres, la géographie, les règles d’accord du participe passé. Le courage des enseignants et des élèves émeut.

Les conditions de travail dans les locaux temporaires sont horribles. Les élèves ne réintégreront leurs classes qu’en septembre. Encore dimanche dernier, une réplique assez forte s’est fait sentir. La plaie est si profonde que le moindre mouvement de la Terre les ramène au 12 janvier 2010.

--Antonio

/J.O.R.

lundi 13 juin 2011

La huitième valise, suite (extrait du journal de bord)

Deux semaines plus tard, je tente l’impossible. Je profite du retour de Louis, qui coïncide avec l’arrivée de Robert, pour récupérer la malèt ble. Après trois heures de recherches, une course entre 5 bureaux, j’arrive au dépôt de la société Air-France, bien que j’aie voyagé avec Air Transat. La préposée me conduit dans un entrepôt où s’entassent des dizaines de valises non
réclamées, toutes grises!, décolorées par une couche d’au moins quelques mètres de poussière, me parut-il. «Cherchez», m’ordonne-t-on. Je demeure incrédule. De plus, mes lunettes sont demeurées dans l’auto de Lektor… Je fouille, toutes les valises se ressemblent. La préposée revient avec un registre. Aucune inscrite à mon nom.

Ecclesia, j’essaie. Eurêka! elle retrouve aisément la malèt ble! « Mais vous n’êtes pas Alexandra Ecclesia. Avez-vous le ticket? » Non et re-non.

Je sens ma valise se défiler. Elle gît là, à portée de bras.

Un flash. À l’aéroport de Dorval, j’avais conseillé à Alexandra d’inscrire mon adresse personnelle plutôt que la sienne en Suisse. J’exhibe mon passeport. Je donne mon code postal. La préposée hésite. Je supplie. Elle acquiesce. Je signe le registre et repars avec les 25 kg de crayons, de ballons et de bonbons pour nos parrainés.

En Haïti, le rôle des bureaucrates n’est pas bien défini, mais deux êtres humains peuvent encore se parler.

-- Antonio

/J.O.R